Vous êtes ici
Le Poirier - Les Gués
A Nogent-le-Roi, Eure-et-Loir, la fouille, réalisée en milieu rural, a porté sur environ 6 000 m².
Il s'agissait de comprendre l'organisation des vestiges gallo-romains et de caractériser le site.
La fouille a également révélé une petite installation artisanale médiévale et des abris enterrés de la Seconde Guerre mondiale.
Une villa gallo-romaine sur les hauteurs de Nogent-le-Roi
Organisation et caractérisation des vestiges
Les fouilles ont révélé la présence de fossés, fosses, murs de clôture, bâtiments en terre et pierre, celliers enterrés et cave. L'étude des vestiges nous montre qu'un premier établissement a été construit dans le courant du Ier siècle de notre ère. L'espace, limité par des fossés, s'organise en deux pôles : d'une part, la résidence, et d'autre part, les installations liées aux activités agricoles. Cette répartition caractérise une villa gallo-romaine : pars urbana d'un côté, pars rustica d'un autre.
Une résidence confortable
Dans la partie fouillée, aucun bâtiment d'habitation n'a été identifié, mais des débris de démolition de la partie résidentielle ont été retrouvés. Ils permettent d'établir que l'habitation disposait du confort d'une pièce chauffée, de l'agrément de murs décorés et de sols en mosaïque. Un grand bâtiment en pierre, découvert par prospection aérienne, confirme que la partie résidentielle de la villa se développait au nord.
L'activité agricole
Les vestiges de l'activité agricole se situent au sud, en partie dans la zone fouillée. On y parquait des bêtes, travaillait la laine, stockait des denrées et procédait à la mouture du grain.
De nombreux os de boeufs, de cochons et de moutons ont été retrouvés dans les fosses et fossés de la villa. Les boeufs étaient élevés pour fournir la force motrice indispensable aux travaux des champs et au transport. Les cochons étaient destinés à l'alimentation et les moutons étaient exploités pour leur viande et leur laine. Les restes de moutons sont prédominants, à Nogent comme sur l'ensemble des sites de cette période dans la région chartraine. C'est un caractère fort de l'agriculture de ce territoire.
Évolution et déclin de la villa
Dans la deuxième moitié du IIe siècle, la villa est légèrement agrandie vers l'est. De nouveaux bâtiments sont construits en terre et bois sur une semelle de pierre et une cave est creusée, d'abord un simple trou dans le sol, puis construite avec des murs en petits moellons.
Au IIIe siècle la villa est abandonnée sans qu'on en connaisse la cause.
Un fond de cabane de tisserand des Xe-XIIe siècles
À 150 m à l'est des vestiges de la villa, un petit atelier de tissage a été découvert. Il était aménagé dans un creusement carré de 2,50 m de côté. La fosse était recouverte par un petit toit porté par deux poteaux enfoncés dans le sol.
Les traces des pieds du métier à tisser sont visibles au centre ainsi que la partie piétinée par le tisserand. Les empreintes peuvent correspondre à un métier horizontal de 1,70 m de large pour 1 m de profondeur. Un poinçon et une broche à tisser en os ont été retrouvés sur le sol.
Les habitations qui avoisinent en général ce genre d'atelier n'ont pas été retrouvées et sont vraisemblablement situées en dehors de la fouille.
Des vestiges d'un aérodrome de la Seconde Guerre mondiale
L'histoire contemporaine a marqué le paysage du plateau de Nogent-le-Roi avec l'installation d'un aérodrome sur 120 hectares.
Deux abris enterrés liés à l'aérodrome ont été retrouvés, dont l'un a été fouillé.
Les vestiges archéologiques sont des espaces semi-enterrés de 3 x 3 m dont les parois étaient doublées de planches de bois et aménagées avec des banquettes. Le toit pouvait être fait de toile goudronnée tendue sur des piquets. On y descendait par un petit escalier en « L ». Ce type d'abris légers pouvait être construit sur les sites provisoires pour abriter hommes et matériel.
D'abord aérodrome auxiliaire des forces alliées pendant la campagne militaire de 39-40, il est maintenu en état de fonctionnement pendant l'occupation allemande avec des simulacres d'activité jusqu'en 1944. Les pistes sont régulièrement entretenues et des avions en bois y sont disposés et déplacés à l'aide de cordes. Trois batteries de défense anti-aérienne sont en fonction. En juin 44, suite aux bombardements des alliés sur Chartres, Dreux et Châteaudun, les Allemands remettent en service l'aérodrome et effectuent quelques missions à partir de Nogent. C'est très probablement lors de cette courte période d'activité que les soldats ont installé des abris semi-enterrés à proximité des pistes d'envol.