Une première découverte de niveaux du Paléolithique a été réalisée par l'Inrap avenue Eiffel à Tours Nord, en amont d'un projet de construction par Bouygues immobilier, sur une surface de 6000 m². Cette découverte de bifaces associés à d’autres artefacts en stratigraphie revêt une importance capitale pour la compréhension des occupations paléolithiques anciennes dans la région et donne un aperçu nuancé des traditions techniques néandertaliennes en bord de Loire.

Dernière modification
05 août 2025

Une fouille de niveaux préhistoriques d’envergure

Les fouilles préventives, menées pendant 5 mois entre avril et août 2023, ont été entreprises à la suite d’un diagnostic effectué en 2022. Ce diagnostic avait révélé la présence de pièces en silex attribuées au Paléolithique moyen dans un paléosol du Pléistocène. La zone fouillée, couvrant 1,6 hectare, se situait sur un ancien terrain industriel. Les terrains fouillés, excluant les espaces pollués, l’ont été à la pelle mécanique pour la plus grande part, et manuellement pour 120 m2. Après un décapage mécanique de 6000 m², les archéologues ont pu explorer la stratigraphie du site et se concentrer sur deux niveaux d’occupation distincts.

 

Les découvertes archéologiques : 6 bifaces

Au total, 436 artefacts de pierres ont été retrouvés fortement dispersés. L’ensemble du site révèle une double chronologie. Le site semble donc avoir eu deux phases d’activités humaines : l’une au Paléolithique ancien (-800 000 à -300 000 ans avant notre ère), l’autre au Paléolithique moyen (-300 000 à -40 000 ans avant notre ère). Cette conclusion est la suite des analyses menée sur les vestiges de silex retrouvés, en s’appuyant notamment sur leur usure et sur les technologies et typologies établies.

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Test de fouille manuelle dans le secteur central du site Gustave Eiffel à Tours (Indre-et-Loire). Des prélèvements de sédiment ont été tamisés et ont livré très peu de petits éléments en silex.

© Michel Brenet, Inrap

En effet, le dépôt le plus ancien, comportant 131 pièces, était généralement plus enfouis, plus usé et plus patiné. Le niveau supérieur, daté du Paléolithique moyen, a révélé un ensemble lithique plus diversifié, caractérisé par des outils issus des techniques de débitage Levallois et laminaire. Cette découverte marque une évolution technologique entre les deux niveaux d'occupation.

Découverte exceptionnelle et inédite, 6 bifaces, issus de la chronologie la plus ancienne du site, ont été retrouvés dans le niveau inférieur du site. Ces bifaces en silex local constituent une découverte sans précédent pour le Paléolithique ancien dans la région. À ce titre, ils apportent pour les chercheurs un nouveau regard sur l’histoire du pays tourangeau au paléolithique ancien et sur les usages néandertaliens en bord de Loire.

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Biface découvert dans le secteur sud au sein du niveau inférieur du Paléolithique moyen ancien sur le site Gustave Eiffel à Tours (Indre-et-Loire)

© Maxime Pallares, Inrap

 

Perspectives et enjeux scientifiques

Les analyses sont en cours, et s’achèveront fin 2025, notamment les datations radiométriques. Elles permettront de déterminer un cadre chronologique précis pour ces découvertes. Plus précisément, elles devraient permettre de déterminer l’usage des ustensiles retrouvés au sein des pratiques néandertaliennes. Ce site pourrait avoir joué un rôle important dans les stratégies de subsistance des groupes humains du Paléolithique ancien. En cela, il représente un jalon majeur pour l’étude des comportements humains et des traditions techniques des hommes de Neandertal dans la région Centre-Ouest de la France. Cette fouille et les recherches qui s’en suivent permettent d'apporter des éclairages nouveaux sur les modes de vie et les adaptations des populations néandertaliennes dans cette partie de l'Europe.

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Une lame et deux éclats découverts dans le secteur sud-est au sein du niveau supérieur du Paléolithique moyen sur le site Gustave Eiffel à Tours (Indre-et-Loire).

© Maxime Pallares, Inrap

Aménagement : Bouygues Immobilier
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Centre-Val de Loire)
Recherche archéologique : Inrap,
Responsable scientifique : Michel Brenet, Inrap