A Vesoul, Haute-Saône, le diagnostic archéologique, réalisé sur une emprise de 1 600 m2, a été motivé par des découvertes fortuites lors de l'aménagement d'une partie du site Peugeot-Citroën.

Dernière modification
10 mai 2016

Trois tranchées de sondage ont été ouvertes, représentant 13,5 % de l'emprise sondée. Lors des travaux d'aménagement d'une partie de la zone industrielle - l'arasement d'une butte naturelle sur laquelle est construite une maison bourgeoise du XIXe s. dénommée « le Château » -, des squelettes et des vestiges maçonnés sont apparus, contraignant l'aménageur à interrompre les travaux, conformément à la législation sur le patrimoine enfoui.

Un diagnostic archéologique a été réalisé afin d'identifier la nature et l'extension des vestiges ainsi découverts. L'environnement archéologique de ce promontoire naturel dominant la plaine de la Méline, les sources textuelles et la titulature ancienne de Saint-Martin constituaient déjà des arguments sérieux en faveur d'un site important à cet endroit.

Les données cumulées des sondages conjugués aux observations réalisées dans le talus offrent des renseignements aussi différents que complémentaires, attestant la complexité du site, dont l'occupation apparaît comme allant du Haut-Empire romain jusqu'au XVIIIe s. Outre les vestiges antiques, ceux d'une église préromane (VIIIe-XIe s.) à abside, à simple nef rectangulaire bordée de bas-côtés ou de portiques latéraux, sont maintenant identifiés. Cet édifice cultuel a été agrandi dès le VIe s., en rapport avec des reliques de saint Martin. Il n'apparaît dans les textes qu'en 1032, dans une chronique de l'abbaye de Sainte-Bénigne de Dijon. Cependant, le fait qu'il s'agisse de la seule église paroissiale pour les six communes environnantes jusqu'au XIIIe s. et la présence de sarcophages de type « Bourguignon-Champenois » renforcent l'hypothèse d'un édifice plus ancien. Des sépultures en coffres trapézoïdaux sont identifiés et permettent de situer chronologiquement le premier agrandissement de cet édifice cultuel. Les inhumations se succèdent du haut Moyen Âge jusqu'au XVIIIe s., certaines parmi les plus récentes subissant un changement d'orientation nord-sud, sans que l'on connaisse les raisons de ce décalage. Un autre édifice en pierre est reconnu, ainsi que des structures domestiques (fosses, puits) couvrant les VIIIe-XIIIe s., associant édifice cultuel, inhumations et structures domestiques.

À titre d'exemple, seules deux autres églises ont été étudiées en Franche-Comté : Chassey-les-Montbozon, en Haute-Saône, et Evans, dans le Jura.