Conférence de presse sur place, vendredi 10 janvier 2014 à 11 h.

Dernière modification
13 juillet 2016

L'érosion marine sur le littoral de Saint-François, côte sud de la Grande-Terre, détruit progressivement un cimetière d'époque coloniale sur la plage des Raisins clairs. L'Inrap intervient du 13 janvier au 12 février 2014 sur une bande de 3 m de large, sur 60 m de long, directement en arrière du front d'érosion. 

Un cimetière d'esclaves ?

Ce cimetière est connu depuis plusieurs années en raison de l'apparition régulière d'ossements humains et de clous de cercueil. Dans les années 1990, la découverte d'un crâne associé à un collier de servitude avait évoqué la présence d'un cimetière d'esclaves. Les sondages réalisés en 2013 ont permis de mettre au jour 48 inhumations individuelles, avec des indices de cercueil pour la plupart.
Les défunts sont déposés sur le dos selon un axe est-ouest parallèle au rivage, la tête le plus souvent à l'ouest. La présence de boutons en os montre que les défunts étaient vêtus. L'un d'entre eux a les incisives taillées, ce qui indiquerait, par analogie avec les découvertes effectuées sur le cimetière d'esclave de l'Anse Sainte-Marguerite, que cet individu serait né en Afrique. La population est constituée d'adultes et d'enfants des deux sexes. Les recoupements entre sépultures témoignent d'une utilisation relativement longue du lieu, probablement plus d'un siècle. La chronologie reste à préciser, mais les indices récoltés permettent de proposer une occupation allant de la fin du XVIIe au XIXe siècle. Entre 500 et 1 000 sépultures sont encore en place. Le statut de ce cimetière sera précisé, grâce à la fouille des vestiges menacés et à l'étude des sources historiques.

Les méthodes d'investigation

Une équipe d'archéologues de l'Inrap spécialisés en anthropologie va intervenir sur le terrain pour mettre au jour et inventorier l'ensemble des vestiges. Au sens large, l'anthropologie est la science qui étudie les populations et les caractéristiques anatomiques, biologiques, culturelles et sociales des êtres humains. Appliquée à l'archéologie, elle s'intéresse aux restes humains et au contexte dans lequel ils sont découverts. Sur le terrain puis en laboratoire, l'anthropologue examine les vestiges du défunt pour identifier ses caractères biologiques, les circonstances de sa mort et les traumatismes et maladies auxquels il a, ou non, survécu. Il étudie également toutes les caractéristiques de la sépulture, enrichissant ainsi la connaissance des sociétés à travers leurs pratiques funéraires : traitement du corps, type de tombe, mobilier... À l'issue de l'étude des vestiges, l'ensemble de ceux-ci est entreposé dans un dépôt de l'État.
Financement : État, Conseil régional de Guadeloupe, ville de Saint-François
Contrôle scientifique : Service archéologique de la Dac Guadeloupe
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Jérôme Rouquet, Inrap
Contact(s) :

Joëlle Sawané
Chargée de Développement culturel et de la Communication
Inrap, Direction interrégionale Grand Sud-Ouest
06 07 90 66 26
joelle.sawane [at] inrap.fr%20" target="_self">joelle.sawane [at] inrap.fr

Anne-Marie Fourteau
Chef de service archéologie
Direction des affaires culturelles de Guadeloupe
05 90 41 14 72
anne-marie.fourteau [at] culture.gouv.fr%20" target="_self">anne-marie.fourteau [at] culture.gouv.fr