Au nord de la commune d’Aytré, en Charente-Maritime, une équipe d’archéologues de l’Inrap a mis au jour un habitat du Néolithique moyen (4350-4240 avant notre ère) dont un bâtiment de très grandes dimensions, une découverte rarissime pour cette région pourtant riche en dolmens.

Dernière modification
27 juillet 2021


Une équipe d’archéologues de l’Inrap mène actuellement des recherches au nord de la commune d’Aytré en Charente-Maritime, boulevard Cottes Mailles. Cette fouille prescrite par l’État (Drac Nouvelle-Aquitaine), est réalisée en amont de l’aménagement par la Communauté d’agglomération de La Rochelle de la future voie reliant la N137 au centre-ville de La Rochelle. Sur 68 900 m², les archéologues explorent plusieurs périodes d’occupation allant du Néolithique à l’époque moderne. 
 

Un remarquable habitat daté du Néolithique moyen

Un large fossé interrompu doublé d’une palissade et des bâtiments sur poteaux ont été mis au jour. Le mobilier céramique et lithique présent sur le site, la forme caractéristique du fossé et les premières datations radiocarbones permettent d'attribuer ces vestiges à une phase du Néolithique moyen, entre 4350 et 4240 avant notre ère. Les sites d’habitat de cette période sont encore très mal documentés dans tout le nord du Bassin aquitain, pourtant riche en nécropoles mégalithiques. L’un des bâtiments à double nef est de très grandes dimensions. Il mesure 13,50 m de large pour 45 m de long, si l'on se base sur les distances qui séparent les poteaux porteurs. En se basant sur les traces laissées au sol par les murs gouttereaux extérieurs, on estime que son envergure devait être de 20 x 49 m pour une hauteur sous faîtière de plus de 12 m. Les fosses de calage des poteaux sont spectaculaires. Elles atteignent 1,60 m de profondeur pour des diamètres allant de 1,50 à 2 m. Ce type de bâtiment est le seul connu à ce jour pour cette période. Il faudra en effet attendre 2000 ans, à la fin du Néolithique pour trouver des constructions de dimensions comparables. La fouille d’Aytré apportera sans nul doute des renseignements inédits sur la culture matérielle du Néolithique moyen régional, en liaison avec sa situation côtière. 
 


Des occupations successives depuis l’âge du Bronze jusqu’au Moyen Âge

Des traces d’occupation, moins exceptionnelles, marquent la pérennité de la présence humaine sur ce territoire. Des fosses du Bronze ancien, des fossés et des bâtiments de l’âge du Fer, un fossé et une carrière de l’époque antique ont été mis au jour sur le site. La carrière, de 23 m de long sur 11 m de large et profonde de 3 m, a servi pour l’extraction de moellons probablement utilisés dans la construction des villas limitrophes (La Moulinette, Bongraine). 

L’occupation moderne avec le fossé Richelieu

L’occupation moderne est essentiellement marquée par la présence d’une portion du fossé construit par Richelieu pour assiéger la ville de La Rochelle, place forte protestante, en 1627-1628. Ceinturant la ville sur plus de 12 km, ce réseau de fortifications est connu par quelques cartes d’époque. Ce fossé n’avait encore jamais été ni fouillé ni observé à ce jour. Les quelques 180 m qui traversent l’emprise permettront entre autre d’étudier deux des aménagements de ce système défensif, une redoute, emplacement fortifié permettant aux soldats de se protéger, et un bastion.
 

Aménagement : Communauté d’agglomération de La Rochelle
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie –site de Poitiers (Drac NouvelleAquitaine)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Pierrick Fouéré, Inrap