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Un monument funéraire de l’âge du Fer et une occupation gallo-romaine à Ploemeur (Morbihan)
Une fouille menée par l'Inrap à Ploemeur a permis de révéler un cairn protohistorique ainsi que des structures de l'époque gallo-romaine, probablement liées à des activités artisanales.
Depuis la mi-février, une équipe de l’Inrap mène une fouille à proximité du château de Ter, à Ploemeur, dans le Morbihan. Sur ces terrains dominants la rade de Lorient, les archéologues ont mis au jour un monument funéraire protohistorique, ainsi que les traces d’une occupation humaine à la période gallo-romaine, comprenant un système de fossés, un bâtiment, un puits et de nombreuses fosses, sans doute dédiés à des activités artisanales. Prescrite par les services de l’État (Drac Bretagne), l’opération est menée sur une surface de deux hectares, en amont d’un projet d’aménagement porté par ARC AMÉNAGEMENT.
Vue du chantier de fouille.
© Camille Lavenu, Inrap
Un cairn protohistorique
Si l’essentiel des vestiges se rattachent à la période romaine, plusieurs tessons de céramiques et quelques meules à va-et-vient témoignent d’une occupation du site à
la Protohistoire, probablement durant le premier âge du Fer (entre 800 et 600 ans avant notre ère). La structure la plus emblématique de cette période est un monument funéraire circulaire en pierre (cairn) au centre duquel était aménagé un coffre dans lequel devait être inhumé un individu. Malheureusement, l’acidité des sols et le démontage partiel de ce monument durant la période romaine ont fait disparaître toute trace du squelette. L’architecture très particulière de cet édifice évoque d’autres monuments funéraires trouvés à Ploemeur au XIXe siècle et alentour (Carnac, Le Bono, Pluvigner…), attribuables au premier âge du Fer.
Vue du monument funéraire protohistorique.
© Bastien Simier, Inrap
Des activités de tissage à l’époque gallo-romaine
La phase principale d’occupation du site se situe à l’époque gallo-romaine, entre le Ier et le IIIe siècle de notre ère, et se caractérise par la présence de nombreux fossés et fosses. La zone qui concentre le plus de vestiges borde une voie qui pourrait desservir un établissement plus important (de type villa gallo-romaine ?) supposé être situé sous le château du Ter. Plusieurs fossés parallèles viennent marquer un espace en bord de voie dans lequel est installé un petit bâtiment sur fondations empierrées, d’une quarantaine de mètres carrés. Le long de cet édifice, une fosse a livré un lot de 65 pesons en terre cuite, provenant probablement de plusieurs métiers à tisser. Ces poids trapézoïdaux servaient à lester les fils. D’autres éléments de ce type ainsi que des fusaïoles, utilisées dans les activités de filage, ont également été retrouvés autour du bâtiment. L’ensemble de ces découvertes permet d’émettre l’hypothèse qu’un atelier de tisserand était installé sur cette aire.
Vue du bâtiment antique ayant pu abriter un atelier de tisserand.
© Bastien Simier, Inrap
Découverte, dans une fosse, d’un lot de 65 pesons, poids trapézoïdaux servant à lester les fils dans un métier à tisser.
© Bastien Simier, Inrap
Lot de 65 pesons, poids trapézoïdaux servant à lester les fils dans un métier à tisser.
© Bastien Simier, Inrap
Plus à l'ouest se développe une zone valorisée à la période romaine, peut-être dédiée au rouissage du chanvre, en lien avec la présence d’eau. Elle est entourée par un imposant fossé de près de deux mètres de profondeur. L’importance du rôle de l’eau sur le site de Ploemeur est aussi soulignée par la découverte d’un imposant puits creusé à une trentaine de mètres au nord du bâtiment. Avec un avant-trou de 8 mètres de diamètre et un conduit de plus de 2 mètres, il a pu être utilisé dans le processus de traitement des fibres ou du travail des tissus. Il n'est en ce jour fouillé que partiellement. Son exploration complète pourrait être effectuée par une cellule spécialisée de l’Inrap : la Cisap (cellule d’intervention sur les structures archéologiques profondes). Elle apporterait certainement de précieuses données paléo-environnementales (pollens, graines…) permettant de préciser la nature
exacte des activités présentes à l’époque romaine.
Puits daté de l’Antiquité avec un avant-trou de 8 mètres de diamètre.
© Bastien Simier, Inrap
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bretagne)
Recherche archéologique : Inrap
Directeur adjoint scientifique et technique : Michel Baillieu, Inrap
Responsable scientifique : Bastien Simier, Inrap