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Un site néolithique exceptionnel à Pont-sur-Seine
Jusqu'à fin octobre 2009, une équipe d'archéologues de l'Inrap étudie un site néolithique à Pont-sur-Seine sur une surface de 4 hectares. Le village mis au jour est exceptionnel par la densité de l'occupation, la monumentalité des bâtiments et le caractère inédit de certaines architectures.
Cette découverte est sans équivalent connu en France, voire en Europe.
Les archéologues ont dégagé des trous de poteau qui dessinent le plan de trois maisons circulaires d'environ 80 m2. L'espace intérieur a la particularité d'être séparé en deux espaces par une cloison de poteaux au tiers de la surface. Jusqu'à ce jour une dizaine de constructions de ce type était connue en France mais c'est la première fois que l'on en découvre plusieurs sur un même site.
Un premier habitat du Néolithique moyen (4700 à 4400 avant notre ère)
Un second habitat très dense de la fin du Néolithique
A proximité de cet habitat, deux enclos, contenant chacun des bâtiments, ont été délimités par des palissades.
Un premier enclos de 500 poteaux
Un enclos avec deux bâtiments monumentaux au plan inédit
Une interruption de la palissade correspondait à l'entrée de l'enclos. Elle était placée dans l'axe de l'entrée du bâtiment principal et contribuait ainsi à la mise en scène du lieu. En effet, à l'extérieur de l'enclos, le visiteur ne pouvait apprécier l'envergure du site car la palissade le masquait en partie. Mais dès l'entrée de l'enclos, la stature des bâtiments devait se révéler en un coup d'oeil. Ces deux bâtiments, ou plutôt monuments car on est probablement dans un lieu cultuel, ont une morphologie quasi-identique qui dessine une forme trapézoïdale au sol. Ils sont de taille différente. Le plus petit se développe sur une surface de 280 m2, le plus grand sur près de 900 m2. Leur entrée est marquée à chaque fois par un long rétrécissement à l'est. Leur couloir était délimité de part et d'autres par des palissades de 2 mètres de haut environ qui devaient ressembler à de grandes antennes.
Ces deux constructions en matériaux périssables (poteaux de bois, torchis) sont impressionnantes par leur taille. L'assise des fondations et de la charpente a donc été élaborée en conséquence. Afin d'assurer la stabilité et la solidité des bâtiments, des pierres de calage, essentiellement des grès quartzites, ont été placées dans certains trous de poteaux afin de les renforcer. Cette particularité de construction, au service d'une architecture élaborée, a nécessité la mobilisation d'une force de travail importante pour l'édification des bâtiments. En effet, les premières pierres de ce type n'étaient disponibles qu'à 3 kilomètres du site hors de la vallée alluviale.
Certaines structures à l'intérieur de ces deux bâtiments retiennent également plus particulièrement l'attention des archéologues. Notamment la fosse d'un mètre de profondeur environ, comblée avec plusieurs niveaux de pierres, placée au centre du grand bâtiment. Une fosse similaire a été découverte dans le bâtiment plus petit.
S'il est encore trop tôt pour se prononcer sur leur fonction, ces fosses avaient probablement un rôle rituel et pourraient nourrir l'hypothèse que l'on se trouve bien dans des lieux cultuels.
Le plan de ces bâtiments a également la particularité d'être totalement inédit en France et les premières recherches dans la bibliographie européenne n'ont pas fourni d'éléments de comparaison. S'il est difficile en l'état des recherches de dater définitivement ces édifices, ils semblent se rattacher à la période 3500 à 2500 avant notre ère. A cette époque des bâtiments de très grande dimension ont été édifiés dans le Nord, en Bretagne et dans le Centre-Ouest de la France.
Ces deux constructions exceptionnelles en France et probablement en Europe, la densité de bâtiments pour ces périodes peu connues (plus de vingt-cinq), la diversité et rareté des plans de constructions, la structuration de ces occupations, font de cet ensemble le témoin d'une organisation complexe et un site majeur pour la connaissance de la vie des hommes, en France, à la période Néolithique.
Estelle Bénistant
chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Grand-Est-Nord
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