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Une ferme gauloise à Blagnac
À l’occasion de la construction de bâtiments liés à l’assemblage de l’avion A380, une superficie de 3 ha située à 3 km à l’ouest du cours de la Garonne a été décapée sur la commune de Blagnac.
Sur une zone géographique encore vierge de toute trace archéologique reconnue, deux phases d’occupation ont été découvertes : un habitat protohistorique précoce, puis une ferme de la fin de l’âge du Fer.
Une série de fosses
La première occupation, assez mal datée entre la fin de l’âge du Bronze et le premier âge du Fer, est caractérisée par une série de fosses destinées à l’extraction de grave ou à du stockage de grains, voire d’eau.
Un grand enclos
La seconde phase d’occupation est illustrée par un fossé d’enclos reconnu de façon partielle, car son étendue outrepasse les limites de la zone menacée par les aménagements modernes. Il forme un arc-de-cercle d’une longueur de 240 m, sur une profondeur conservée de 1 m; il est large de 2,80 m. Il présente une vaste entrée de 50 m et est doté d’un talus défensif interne. La mise en place de ce fossé est datée vers le milieu du IIe siècle avant notre ère. L’intérieur de l’enclos est fractionné par des fossés plus étroits qui structurent l’espace en deux grandes zones : l’une, au nord, concentre des constructions sur poteaux, l’autre, vide, pourrait être destinée aux pâturages ou à des champs cultivés.
Plusieurs bâtiments
La majorité des constructions se répartit autour d’un grand bâtiment central qui correspond vraisemblablement à la résidence principale. Un ensemble d’une trentaine de poteaux délimite une superficie au sol de 75 m². La construction associe une ossature de bois et des panneaux de clayonnage ou des planches horizontales fixées sur des poteaux verticaux. L’entrée principale se trouve côté ouest, le seuil est protégé par un porche. Une tour desservie par un escalier externe est implantée sur le point culminant du site et au moins quatre greniers sur poteaux porteurs ont été identifiés.
Un puits à eau
Un puits à eau a été aménagé à proximité du bâtiment principal. Entièrement taillé dans la grave, son diamètre à l’ouverture est de 3 m pour une profondeur conservée de 3,60 m. Le conduit initialement vertical est devenu peu à peu circulaire, puis polygonal vers le fond. La partie inférieure du puits était pourvue d’un cuvelage en bois. Un palier aménagé à l’intérieur, au-dessus du cuvelage, permettait de nettoyer régulièrement le conduit. Après son abandon, le puits a servi de dépotoir.
Agriculture, élevage, tissage…
Le site a une vocation essentiellement agro-pastorale attestée par la présence de greniers et de vases de stockage. L’étude des ossements d’animaux permet de mettre en évidence une consommation d’espèces domestiques élevées sur place ; les fragments de faisselles illustrent la fabrication de fromage et les poids de tisserands, le tissage. Les pollens démontrent la proximité d’une chênaie et d’espaces destinés aux pâtures et à la culture des céréales. La ferme gauloise de Raspide 1 était implantée à proximité de la grande voie commerciale reliant Toulouse au territoire aquitain. Elle bénéficiait ainsi de l’apport de marchandises importées : amphores à vin italiques et vaisselle de Campanie. Le site a été abandonné au début du Ier siècle avant notre ère.
Plan d’ensemble des structures du site.
© Thomas Arnoux et Christophe Sireix, Inrap
Proposition de restitution du bâtiment central de la ferme gauloise.
© Denis Delpallilo
Coupe verticale du puits à eau, comblement supérieur.
© Christophe Sireix, Inrap
Dépotoir d’amphores vinaires italiques au fond du puits à eau.
© Christophe Sireix, Inrap