Dans la commune de La Souterraine (Creuse), au lieu-dit La Petite Prade, une équipe de l'Inrap a mis au jour une occupation rurale médiévale atypique, associant des bâtiments destinés à l'habitat et au stockage à un réseau complexe de souterrains. 

Dernière modification
18 décembre 2019

Une équipe d’archéologues de l’Inrap mène actuellement une fouille sur la commune de La Souterraine, au lieu-dit La Petite Prade. Les archéologues mettent au jour une occupation rurale médiévale (IXe – XIIIe siècles) constituée – notamment – d’un ensemble de bâtiments et de souterrains. Prescrite par l’État (Drac Nouvelle-Aquitaine), la fouille est réalisée en amont d’un aménagement d’environ 2 hectares sur une zone d’activité commerciale.
 

Des souterrains médiévaux difficiles à caractériser

L’exploration de deux souterrains aux ramifications complexes permet aux archéologues de l’Inrap de documenter précisément ce type de constructions qui restent encore mal connues. Les fouilles commencent à livrer les premiers éléments de leur mise en œuvre : les galeries sont creusées dans un sous-sol meuble d'altérites (roches altérées) jusqu’à 2,60 mètres de profondeur. Leurs tracés, en cours d’identification, serpentent pour l’instant sur une surface d’environ 400 m². Les galeries, larges d’environ un mètre, semblent avoir été consolidées à l’aide d’éléments en bois.

L’association d’un habitat semi-enterré à des souterrains est un fait rare. Ceinturé par un mur, il couvre une surface d’environ 35 m² et apparaît conservé sur un mètre de haut. Des trous de poteaux autour de ce bâtiment permettent de restituer l’existence d’une structure en bois couvrant la partie semi-enterrée qui avait très certainement une fonction de cave. L’accès à cette dernière se faisait par une rampe, probablement abritée par un auvent en bois. Enfin, trois silos à grains découverts à l’intérieur dénotent une fonction de stockage de grains de statut particulier.
L’habitat pouvait vraisemblablement communiquer avec les galeries qui devaient remplir une fonction de stockage et/ou de refuge. Si la date de construction n’est pas encore précisément déterminée, on peut toutefois penser que l’ensemble est abandonné dans le courant de XIIIe siècle.
 

Un habitat dense et un important site de stockage de grains

Associé à ces deux découvertes inhabituelles, un nombre important de bâtiments, repérables grâce aux trous de poteaux conservés, permet de confirmer l’existence d’un habitat dense et complexe, constitué de maisons, de granges et d’aires de travail sous abris.
Le site livre également une centaine de silos à grains aménagés dans le sol et particulièrement bien conservés (parfois sur 1,8 m de haut). Certains comportent encore dans leur comblement le « bouchon » en pierre qui les obturait ainsi que des graines qui permettront d’identifier les variétés cultivées.
Situé dans un riche environnement archéologique et historique (mottes castrales et château de Bridiers, ville médiévale de La Souterraine), le site de La Petite Prade apporte des données inédites à la connaissance de l'organisation de l'espace rural et de l'économie agricole au Moyen Âge central.

Aménagement : Communauté de communes Monts et Vallées Ouest Creuse  
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie, site de Limoges (Drac Nouvelle-Aquitaine)
Recherche archéologique :  Inrap
Responsable scientifique : Sylvain Guillin, Inrap