A Nevers, Nièvre, la parcelle concernée par la fouille occupe une pente qui mène au sud vers la Loire et à l'ouest vers l'ancien ruisseau de la Passière.

Dernière modification
10 mai 2016

Elle est bordée au nord par l'ancienne abbaye bénédictine Notre-Dame (actuel musée municipal) et s'étend d'est en ouest jusqu'au rempart urbain qui englobe l'ensemble à partir du XIIIe s., le long de la Passière.

12, rue Saint-Genest
Nevers/12, rue Saint-Genest
Vue générale du site.
Cl. Inrap.

Le site renseigne sur une partie souvent méconnue des abbayes bénédictines périurbaines et sur l'environnement immédiat des monastères. Tourné vers le monde, il est un lieu d'échange, de stockage - et même de chantier lors des grandes phases de reconstruction de l'abbaye. La parcelle est densément occupée sur sa moitié nord, située sur une terrasse non inondable, bordée par un talus parallèle à la grève de Loire. Au pied du talus s'étendent des prairies ou des cultures, périodiquement inondées. Sur cette terrasse, l'élément le plus original est un très grand bâtiment (15 m de large, sur plus de 48 m de long) datant, au plus tard, du siècle de Charlemagne. Il fait suite à des constructions maçonnées, recouvrant elles-mêmes des traces d'occupation tardo-antiques, ainsi qu'un petit enclos de La Tène finale.

Le plan de l'édifice carolingien est tripartite : un grand espace médian, large de 9 m, est flanqué au nord et au sud, sur toute sa longueur, de deux ailes en appentis de 3 m de large, divisées en plusieurs pièces, qui semblent ouvrir sur les différentes salles centrales. Des foyers de plusieurs types, adossés aux murs ou non, devaient chauffer certaines d'entre elles, au ras de sols de terre posés sur des radiers de pierres. Au sud, une pièce au moins a servi au stockage de céréales. Au nord s'amorce une aile en retour d'équerre, orientée sur le coeur de l'abbaye. Ce bâtiment, qui devait fermer le domaine abbatial au sud, le long du talus, semble avoir été destiné plutôt à des laïcs. Il porte les traces d'un incendie qui a détruit l'ensemble. Pourtant, des sépultures y prennent place, apparemment avant cet incendie : elles s'installent au nord, à la jonction de l'aile orientée sur le coeur de l'abbaye. Elles sont assurément celles de personnages importants. Par la suite, des portions du bâtiment sont réutilisées dans diverses constructions, toujours rattachées à l'abbaye, et associées à des silos. Mais l'étroite bande de terrain qui sépare son mur sud de la pente de talus proprement dit, est occupée un temps encore, par un groupe de sépultures où l'on compte principalement de jeunes enfants et des nouveau-nés, avec quelques femmes.

Au XIe s., un dernier édifice issu de l'organisation carolingienne est contourné par une aire pavée, où s'ouvre un magnifique puits de 2 m de large, sur le bord du talus. Ce pavage conduit au cimetière qui se développe au nord du site, près de la future église paroissiale Saint-Genest : une cinquantaine de tombes a été fouillée, datant au plus tard du XIIe s. Vers la fin du XIe s. ou autour de 1100, de nouvelles grandes constructions prennent place sur la terrasse. Elles comprennent apparemment une grange, flanquée de bâtiments en appentis, qu'accompagnent des batteries de silos. Pour finir, un gros mur, sans doute de clôture du domaine abbatial, vient fermer le tout au sud, le long d'un talus plusieurs fois mis à mal par les inondations, et qui est retravaillé à cette occasion.

Vers la fin du XIIe s., un dernier grand bâtiment, voûté, est installé à l'ouest, le long du rempart de la Passière. À la fin du Moyen Âge et aux XVIe-XVIIe s., l'occupation bâtie est clairsemée (caves, puits et citernes, murs de clôtures). Mais le tout est rasé au début du XVIIIe s., pour la mise en place de grands jardins de l'abbaye. Vers la fin du XVIIIe s., un petit four de faïencier s'installe tout de même au bord de la rue Saint-Genest. Non répertorié jusque-là, il appartient sans doute à une des faïenceries voisines, qui l'aurait fait construire sur un lopin acquis ou loué à l'abbaye pour quelques dizaines d'années, dans une période de production abondante. C'est le modèle réduit du four de l'Autruche, en grande partie conservé en élévation dans l'îlot voisin, rue Saint-Révérien.