Vous êtes ici
Carvin, du Néolithique à l'Antiquité
A Carvin, Pas-de-Calais, en 2006, l'extension du Parc d'activités du Château - Espace Gare d'eau, au sud de Carvin (Pas-de-Calais), a donné lieu à un diagnostic archéologique en amont des travaux, sur prescription du service régional de l'archéologie (Drac Nord-Pas-de-Calais).
Les tranchées de sondage réalisées par les archéologues sur près de 45 hectares ayant livré de nombreux témoignages d'occupations gauloises et gallo-romaines, une fouille préventive a été prescrite par l'État.
Du diagnostic à la fouille
Le diagnostic réalisé en 2006 par Gilles Prilaux (Inrap) a livré des traces d'habitats gaulois remontant au IVe siècle avant J.-C. Cette occupation semble évoluer jusqu'au IIIe siècle après J.-C. ; une ferme gallo-romaine occupait alors le site, sans doute importante vu les nombreux vestiges liés aux travaux agricoles et aux habitats. Découverte peu commune, un dépôt monétaire comprenant plus de 250 pièces d'argent et de bronze d'époque romaine a également été mis au jour. Sans aucun lien apparent avec les autres occupations, la présence de ce « trésor » caché intentionnellement peut trouver de nombreuses explications : menaces d'invasion, vol, pillage, etc.
Outre les vestiges gaulois et romains, la fouille démarrée en mai 2007 porte également sur une imposante enceinte fortifiée datant du Néolithique moyen. La superposition des occupations et leur densité rend la lecture du site particulièrement complexe. Elle s'explique notamment par la topographie : le site formant une sorte de promontoire bordé de marécages, les hommes s'y sont naturellement installés au fil des siècles.
Il y a 6000 ans : une enceinte fortifiée
Au début du IVe millénaire avant J.-C., au coeur de cet espace marécageux, des hommes ont édifié une grande enceinte défensive. Composée de deux larges fossés qui longeaient de part et d'autre une palissade elle-même fossoyée, elle comptait au-moins trois entrées monumentales et couvrait une surface considérable, dépassant largement les limites de l'emprise de fouille. Au niveau des entrées, les fossés renfermaient des concentrations de céramiques et, parfois, des poteries déposées intactes, pour une raison encore inconnue. Les premières datations les rattachent à la culture du Michelsberg, au Néolithique moyen II, période dont les témoignages archéologiques sont rares dans la région. Hélas, sous l'effet de l'érosion le site n'a pas gardé de traces d'habitat, bien que de nombreux indices témoignent de leur présence : outils en silex, fragments de meules à grain et de haches polies, ainsi qu'un grand nombre de fosses éparses (dont l'usage reste à élucider) qui, une fois exploitées servaient de dépotoirs.
Une grande ferme à l'époque gauloise
Environ 4000 ans plus tard, à la fin du Ier siècle avant notre ère, une ferme fut implantée sur le site. Elle était délimitée par un enclos rectangulaire qui devait couvrir plus de 2,5 hectares. La fouille des fossés a livré par endroits des restes de repas (ossements d'animaux), des rejets de céramiques ainsi que deux fragments de calottes crâniennes humaines, dont la présence ici demeure énigmatique. Les restes d'une douzaine de silos de stockage et de huit greniers laissent supposer qu'il s'agissait d'une ferme d'un statut plutôt aisé, hypothèse confortée par la surface considérable de l'enclos. Les zones où se concentraient les structures de stockage étaient bien distinctes des espaces dédiés aux activités domestiques et aux habitats. Construits en bois et en torchis, ces derniers n'ont hélas laissé que peu de traces dans le sol.
Une nécropole gallo-romaine
Enfin, une petite nécropole du Haut-Empire (Ier-IIe siècle de notre ère) mise au jour en 2006 a pu être fouillée. Malgré l'absence de traces d'habitats sur la zone fouillée, ces tombes induisent la présence d'une occupation à proximité. Parmi les six tombes à incinération découvertes, deux se distinguent par une architecture remarquable. Leurs parois, maçonnées en petits moellons taillés dans la craie, formaient un carré d'un mètre de côté. L'une d'elles contenait les ossements incinérés du défunt, accompagnés d'un ensemble de vaisselle en céramique, d'un plat en verre et de deux fibules émaillées (épingle recourbée servant à fermer les vêtements). La seconde par contre avait été pillée à l'époque. À l'origine, ces deux tombes était probablement dotées d'un monument funéraire (en blocs de calcaire, sans doute réutilisés par la suite), érigé là afin d'être visible de loin. Une troisième tombe, plus spacieuse, semblait appartenir à un personnage de haut rang comme l'indique l'abondant mobilier déposé en offrande : plats en céramique sigillée, vase en verre, ... Ses parois étaient coffrées en bois. Enfin, trois autres tombes plus modestes, creusées dans des fosses peu profondes, contenaient les ossements incinérés des défunts et quelques poteries.