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CORBEHEM « rue de Gouy »
A Corbehem, Pas-de-Calais, sur les 3,5 hectares concernés par le projet, une surface de 6856 m2 a été décapée en continu entre les deux points de découverte les plus éloignés.
À la suite du diagnostic qui avait révélé la présence de deux fosses datables par le mobilier archéologique du Néolithique moyen II, dans un secteur où la construction d'un premier lotissement en 1968 avait déjà permis de mettre en évidence des vestiges de la même période (Demolon, Hurtrelle 1975), une opération de fouille préventive a été menée en mai/juin 2007.
Dans un relief peu marqué, le site est implanté sur un léger versant à 500 m d'un petit ruisseau qui traverse une zone marécageuse pour se jeter dans la Petite Sensée. Rappelons que la Scarpe qui modèle le paysage actuel a été creusée au Moyen Âge et n'a donc pas de réalité préhistorique. Ce choix particulier d'implantation a déjà été noté sur les autres sites contemporains de la région en particulier celui de Lauwin-Planque (Bostyn et al. 2006). Cette légère déclivité a favorisé les phénomènes d'érosion de la partie ouest de la zone décapée et de colluvionnement de la zone est dans laquelle les structures étaient nettement mieux conservées.
En dehors de quelques fossés modernes de drainage et quelques structures protohistoriques, les principales découvertes concernent le Néolithique moyen II. Un ensemble de 11 fosses (en plus des deux fouillées au moment du diagnostic) réparties sur l'ensemble du décapage a pu être traité. D'une profondeur variable (de 20 cm à l'ouest à 55 cm à l'est), ces structures contiennent un mobilier archéologique abondant et varié. Signalons la présence de nombreux vases écrasés en place et d'un abondant matériel en grès (meules, molettes, polissoirs...). L'industrie lithique en silex par contre s'est révélée plus indigente malgré la présence haches polies, de grattoirs ou encore d'armatures de flèche.
Parmi les fosses, l'une d'entre elles mérite une mention particulière. Il s'agit d'un probable four domestique effondré sur place après son abandon. La voûte était probablement constituée de pains de terre cuite agencés et maintenus par un liant. Sous la voûte effondrée qui constituait un dôme au centre de la fosse, ont été retrouvés de nombreux restes de végétaux ainsi qu'un fragment de bûche carbonisée qui devaient constituer les combustibles utilisés au moment de la cuisson. La sole du foyer présente une série d'aménagements de trous de piquets ainsi qu'un surcreusement sur le pourtour. Une avant fosse sur le bord devait faciliter l'accès au foyer.
Les premières observations faites sur la céramique (grande bouteille à col évasé) et sur l'industrie lithique (armature foliacée) montrent des affinités avec l'univers Michelsberg ou plus précisément le groupe de Spiere qui se développe essentiellement en Belgique (Vanmontfort 2001).