À Mey, en Moseelle, les archéologues de l’Inrap ont mis au jour une occupation humaine continue de l’âge du Fer à l’époque médiévale.

Dernière modification
11 janvier 2018

Le projet d’aménagement d’un lotissement, porté par la société Foncier Conseil, est à l’origine de la prescription d’une fouille archéologique sur la commune de Mey en Moselle. Un décapage archéologique, d’une superficie de 5 500 m²,  a été mené durant l’été 2005 par les archéologues de l’Inrap. Cette opération a permis de mettre au jour une occupation humaine continue depuis l’installation d’une ferme « indigène » gauloise, lieu réinvesti à l’époque antique par un habitat rural de type villa, jusqu’à ce que le secteur soit dévolu à la viticulture à l’époque médiévale.

L’occupation de l’âge du Fer

Le site protohistorique de Mey est essentiellement matérialisé par un enclos fossoyé ayant pour rôle de marquer physiquement les limites de l’exploitation agricole dans le paysage, tout en prémunissant les habitants des animaux sauvages. Le tracé de l’enclos est de forme linéaire marquant un angle à 120° dans la partie sud-ouest de l’emprise de la fouille. Cet aménagement a été observé sur une longueur totale de 77 m. Le mobilier archéologique, tels que des vases et des restes de faune, révèle quelques aspects du mode de vie de ses contemporains : à titre d’exemple, des traces de boucherie portées sur des os témoignent de pratiques culinaires usuelles pour l’époque, la consommation de chien (cynophagie) par exemple. Après étude en laboratoire, il s’avère que ce mobilier présente toutes les caractéristiques de l’époque de La Tène C2 (200 à 150 av. J.-C.).
Malgré la vision partielle du site liée aux limites du projet immobilier et au mauvais état de conservation des structures archéologiques exposées à l’érosion hydraulique et mécanique, on sait que cet établissement de type « ferme indigène » laténienne est cerné par un enclos fossoyé. La densité et la répartition interne des structures ne s’opposent pas à cette hypothèse.

Le site de la ZAC Sébastopol à Metz-Borny, fouillé par l’Inrap en 2005, apporte des renseignements en matière de comparaisons régionales. La fouille a permis de définir l’organisation interne de l’établissement gaulois ainsi que la vocation des bâtiments : habitations, stabulation présumée, zone de stockage et une potentielle aire de pacage voire culturale. La surface enclose est de 7 990  m² et comprend une faible densité de structures. À Mey, la surface minimale enclose approche les 7 800 m². Quelques fosses dépotoirs contemporaines évoquent des activités domestiques à l’intérieur de cet espace. Quelques artefacts ont également été décelés dans une couche de colluvions, attestant une occupation plus récente de la période hallstattienne localisée plus en amont du coteau.

La vision partielle du site limite les investigations en matière d’organisation spatiale interne. Seuls les décapages archéologiques extensifs rendent possible ce type d’approche scientifique.

L’occupation des Haut et Bas-Empire romain

Au cours de l’Antiquité, sur le site de Mey, se succèdent cinq phases d’occupation distinctes.
La première correspond à la construction et à la mise en service d’un bassin piscicole quadrangulaire de 9 x 17 m, doté d’un système d’adduction d’eau et d’évacuation des eaux usées (fin Ier-IIe siècle). Un petit bassin surcreusé dans la dalle calcaire naturelle, faisait office de refuge aux poissons d’élevage lors du nettoyage du bassin.
La deuxième phase est caractérisée par la réfection du système d’évacuation des eaux usées du bassin, le creusement d’un fossé et l’aménagement d’un chemin bordé d’un drain en pierres (Ier-IIe siècle).
La troisième phase se matérialise par la création d’une tranchée d’argile jaune, positionnée en contrebas du bassin, dans le but de renforcer l’étanchéité de ses parois. Un foyer domestique et un mur sont associés à cette phase.
La quatrième phase s’illustre par l’abandon du bassin et son rebouchage (fin IIe-Ier quart du IIIe siècle). Le mobilier archéologique contenu au sein des couches de comblement atteste la proximité immédiate d’un habitat antique de type pars urbana de villa ou unité de production agricole antique. La richesse des matériaux utilisés pour sa construction : briques de pilettes d’hypocauste (système de chauffage par le sol), enduits peints multicolores aux scènes figurées, plaquettes de marbre blanc poli, reflète l’appartenance à un statut social élevé de ses propriétaires.
Enfin, la dernière phase d’occupation du site au Bas-Empire se caractérise par la redéfinition de l’espace et le réaménagement total de la zone (nivellement du terrain) permettant d’une part, l’érection de murs de clôture de la propriété, d’autre part, le réalignement du chemin initial le long de cette dernière.

L’occupation médiévale

Au haut Moyen Âge, ce secteur autrefois urbanisé se transforme en une zone dédiée à l’activité agricole. Un système de fosses et tranchées de plantation témoigne du changement dans la dévolution des terrains et de l’émergence de l’activité viticole. Une étude comparative menée avec le site de Perthes en Haute-Marne a fourni un exemple de parcellaire médiéval sur lequel un espace cultural dédié à la vigne s’organisait sous forme de tranchées et de fosses. Dans les deux cas, un fossé matérialise cet espace. Un chemin creux est associé à cette phase d’occupation du site. En outre, un empierrement ovalaire et une fosse dépotoir ont livré du mobilier attribuable aux Xe-XIIe et aux XIIIe-XIVe siècles.

Aménagement : Société Foncier Conseil
Recherches archéologiques : Inrap
Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie, Drac Lorraine
Responsable scientifique : Rachel Bernard, Inrap