À Reims, une équipe d’archéologues de l’Inrap menant une fouille dans le quartier Sernam / Boulingrin, vient de révéler un site monumental antique des IIe-IIIe siècles. Sa localisation, à une centaine de mètres de la Porte de Mars qui est le plus grand arc conservé du monde romain, ainsi que le caractère monumental des vestiges mis au jour, suscitent un fort intérêt archéologique.

Dernière modification
21 février 2024

 

Une première construction antique (Ier siècle)

Une première occupation principale du Ier siècle a été mise au jour par les archéologues. Un habitat aux maçonneries légères constituées pour l’essentiel en murs de carreaux de terre crue est en cours d’étude. Une importante quantité de fragments d’enduits peints représentant des grappes de raisin ont été découverts et témoignent d’un habitat relativement aisé. Cette habitation est ensuite abandonnée puis détruite au profit de la construction d’un ensemble plus monumental.

Un site monumental des IIe-IIIe siècles

Les archéologues étudient actuellement un site monumental daté des IIe et IIIe siècles. Il se caractérise par deux grandes galeries à portique de 20 mètres de côté formant un « U » en plan. Ces galeries ceinturent deux grands massifs maçonnés rectangulaires qui prennent place dans un espace ouvert, très probablement un jardin. L’un des deux, équipé de deux canalisations d’eau sous pression, correspond à un bassin ou à une fontaine.

Un peu plus de vingt pièces s’organisent autour de ces deux galeries. Certaines d’entre elles sont de vastes couloirs et d’autres des pièces de vie, aux sols en craie compactée et sont équipées de foyers centraux. Neuf pièces aux constructions très élaborées correspondent probablement à un espace thermal de bains antiques. Cinq d’entre elles, très grandes, disposent d’un système de chauffage par le sol (hypocauste).

Les archéologues ont mis au jour des enduits peints richement décorés de motifs floraux. Certains pigments utilisés, dont un bleu proche du « bleu égyptien », sont rares. Cette découverte caractérise un ensemble très aisé. Le grand nombre de pièces, leur organisation, la richesse des décors, les deux grandes galeries, le réseau hydraulique et les éléments archéologiques découverts (céramique, blocs architecturaux, vaisselle en alliage cuivreux, etc.) permettent deux interprétations possibles. Ces vestiges pourraient correspondre soit à la domus (maison) d’une personnalité extrêmement aisée soit à un ensemble thermal, peut-être public, étant donné la monumentalité. 

Cet ensemble, à l’intérieur de l’enceinte de la ville du Haut-Empire (IIIe siècle) et à proximité immédiate de la monumentale porte antique de Mars datée de la même période, est situé à un emplacement très privilégié. Plus au nord, plusieurs grandes domus ont d’ailleurs été mises au jour lors de fouilles archéologiques précédentes.

Aux environs de la fin du IIIe ou début du IVe siècle, le quartier est abandonné, détruit puis fait l’objet d’une récupération intensive des matériaux de constructions. Il est possible que ce démantèlement soit en lien avec l’édification de l’enceinte tardive de Reims construite à partir du début du IVe siècle.

De nombreuses couches de terres qui scellent les vestiges antiques sont retrouvées par les archéologues et semblent correspondre à une remise en culture du lieu. Ce secteur de la ville sera à nouveau réoccupé à partir de la fin du XVIIIe siècle, avec notamment la construction du cimetière nord de Reims en 1796.

Fouille d'une sépulture de cheval probablement datée du Moyen-Âge ou de l'époque Moderne (16e-18e s.) mise au jour à Reims (Marne) en 2023. Un site monumental antique des IIe-IIIe siècles y a été découvert.
Fouille d'une sépulture de cheval probablement datée du Moyen-Âge ou de l'époque Moderne (16e-18e s.) mise au jour à Reims (Marne) en 2023. Un site monumental antique des IIe-IIIe siècles y a été découvert.
© Antoine Damsin, Inrap
Aménagement : Nacarat, FIC, DKER (Résidences les promenades d’Olène) et Grand Reims (Voirie)
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Grand-Est)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Yoann Rabasté, Inrap