À​ Brebières, l'Inrap a fouillé des habitats enclos du Second âge du Fer jusqu’à l’Antiquité et découvert une surprenante galette de pain carbonisée.

Dernière modification
02 mars 2021

En amont d'un un projet de lotissement mené par Proteram dans la commune de Brebières, une fouille de l'Inrap sur une emprise de 1,3 ha a permis de mettre au jour un ensemble de vestiges archéologiques datés de l’âge du Fer et de l’Antiquité. Une découverte notable a été faite par les archéologues, il s’agit d’une galette de pain carbonisée d’un diamètre de 0,10 m. Une analyse C14 a proposé les bornes chronologiques les plus probables entre 40 avant et 87 après notre ère.
Cette fouille a également mis en exergue des habitats enclos du Second âge du Fer jusqu’à l’Antiquité. Les enclos laténiens s’inscrivent dans la continuité d’un maillage fossoyé structurant un paysage parcellaire incluant des enclos d’habitats et agro-pastoraux, qui avait été identifié lors des diagnostics puis des fouilles réalisées sur les 60 ha de la ZAC des Béliers de 2007 à 2009.
Dans l’enclos principal gallo-romain se succèdent deux bâtiments d’habitations quadrangulaires sur poteaux. Le mobilier récolté date l’occupation entre la seconde moitié du Ier siècle et la fin du IIe siècle de notre ère.

Une découverte peu ordinaire : une galette de pain

La fouille a donné lieu à une découverte étonnante : une galette de pain carbonisée d’un diamètre de 0,10 m mise au jour au fond d’une petite fosse-dépotoir, dans une couche contenant des graines.

Les résidus alimentaires sont rarement retrouvés par les archéologues car les matrices alimentaires sont périssables et ne se conservent pas dans la terre. Cette galette carbonisée, probablement tombée dans un feu et impropre à la consommation a changé de composition chimique, ce qui lui a permis de résister au temps.

Conservée presque en totalité, la galette est datée des années 40/80 après notre ère grâce aux vestiges de céramiques retrouvés sur les lieux. Cette datation a été confirmée à l’aide d’une analyse au Carbone 14. Une carpologue (V. Zech-Matterne) du CNRS et un bio-archéologue, archéobotaniste (A. G. Heiss) de l’Académie autrichienne des sciences procèdent actuellement à des études très pointues pour que cette galette livre tous ses secrets. Les premières observations des graines qui accompagnaient la galette identifient des céréales de type orge et deux variétés de blé.

Ces premiers résultats sont des données très fiables qui nous permettent d’appréhender les cultures de cet établissement antique.

La présence d’habitats enclos successifs

Cette fouille a également mis en évidence des habitats enclos du Second âge du Fer. Les premiers indices d’occupations humaines apparaissent dès La Tène ancienne (entre 400 et 300 avant notre ère) avec quatre vestiges dont une fosse d’ensilage et un petit fossé entourant vraisemblablement un espace funéraire. Les habitats enclos du site s’installent dès La Tène moyenne et perdurent jusqu’au second siècle de notre ère avec, cependant, une absence d’occupation durant la période augusto-tibérienne (27 avant notre ère à 37 après notre ère). On note la présence de quatre squelettes de bovins enterrés dans le comblement d’un fossé de La Tène moyenne.

Des occupations humaines structurées, de l’Âge du fer à l’Antiquité

Un ensemble de fossés structure le paysage en parcelles comprenant des enclos d’habitats et des enclos agro-pastoraux. Cette organisation du territoire a été vérifiée grâce aux opérations archéologiques de ces quatre dernières années. Elles complètent la vision d’une occupation au Second-âge du Fer sur un terroir de plus de 150 ha.

Plans phasés de la fouille.

Plans phasés de la fouille. 

©

B. Vanwalscappel et F. Audouit, Inrap

L’occupation gallo-romaine respecte le maillage gaulois avec un enclos d’habitat quadrangulaire sur lequel se greffe un enclos de pacage, c’est-à-dire un enclos sans trace d’habitat en son sein qui devait servir à parquer le bétail.

Le mobilier mis au jour par les archéologues date l’occupation entre la seconde moitié du premier siècle et la fin du second siècle de notre ère. Dans l’enclos principal se succèdent deux bâtiments d’habitations quadrangulaires sur poteaux. Le plan de leur ossature en bois couvrent respectivement une surface de 110 m² et 130 m². Ces ossatures sont composées chacune d’une trentaine de poteaux disposés en périphérie de la construction.

Aménageur : SAS Proteram​
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Bruno Vanwalscappel, Inrap​​
Carpologie : V. Zech-Matterne (CR CNRS, HDR)
Bioarchéologie, Archéobotanique : A. G. Heiss (Österreichische Akademie der Wissenschaften - Österreichisches Archäologisches Institut)