À Thue-et-Mue, l'Inrap a mis en évidence des occupations médiévales, modernes et contemporaines, attestant la présence d’un habitat rural qui se maintient de manière quasi-continue depuis le Xe–XIe siècle. Des vestiges de la Seconde Guerre mondiale ont également été exhumés. 

Dernière modification
22 juin 2021

Depuis mai 2021, l'Inrap conduit une fouille à Brouay, sur la commune nouvelle de Thue-et-Mue. Prescrite par l’État (Drac Normandie), cette opération est préalable à l’aménagement d’un futur lotissement le long de la route départementale 94 dite d’Audrieu porté par l’entreprise Vesqual Lotisseur. 

Un habitat rural qui s’implante dès le Xe siècle

Les sources documentaires et les données archéologiques s’accordent sur une occupation de Brouay dès le haut Moyen Âge. Ainsi, les archéologues ont mis en évidence une trame parcellaire du Xe-XIe siècle, matérialisée par un ensemble de fossés, structurant le paysage selon deux orientations : nord-ouest/ sud-est puis nord-est/sud-ouest. D’autres vestiges de la même période (fosses, trous de poteaux signant la présence de bâtiments ou encore silos) marquent une occupation plus importante, correspondant peut- être au premier village de Brouay. La fouille a aussi permis de mettre au jour les restes d’une voie importante, connue sous le nom de « rue Cornière », qui s’implante vers le XIVe-XVe siècle, sans véritablement tenir compte de la trame parcellaire antérieure. Cet axe important, qui relie le bourg de Brouay à Bretteville-l’Orgueilleuse à l’est et à Audrieu à l’ouest, perdure jusqu’au XIXe siècle.

Vers une spécialisation laitière aux XVIe - XVIIIe siècles ?

Après un hiatus pour les XIVe – XVe siècles qui peut correspondre aux impacts cumulés de la Guerre de Cent ans et de la Peste noire, le site se densifie aux XVIe – XVIIe siècles, avec la mise en place de deux probables unités domestiques le long de la rue Cornière. La fouille livre ainsi les traces de parcelles en herbe contemporaines de bâtiments et structures à vocation agricole, ainsi que des vestiges d’artisanat du fer. Après la phase terrain, les archéologues étudieront les restes céramiques recueillis lors de la fouille, à la recherche d’indices qui signeraient des activités d’élevage et de production laitière. En effet, on observe dans tout le secteur, à la marge de la Plaine de Caen, une spécialisation agraire tournée vers l’approvisionnement de la région parisienne en produits laitiers et carnés. La présence de nombreux fossés évoque justement ce processus de spécialisation : les habitants de Brouay augmentent les surfaces d’herbage, entraînant une modification majeure de la trame paysagère désignée par le terme d’embocagement. Cet ancrage agricole perdure jusqu’au XIXe siècle. La construction en 1858 de la voie ferrée reliant Cherbourg à Caen motive l’abandon de la rue Cornière.

Des vestiges de la Seconde Guerre mondiale

Une quinzaine de structures attribuables aux combats de juin et de juillet 1944 ont été retrouvées sur le site. Il s’agit principalement de fosses dépotoirs, de petites tranchées de protection communément appelées « trous d’homme », d’impacts, de trous d’obus ou encore d’abris dont plusieurs ont été aménagés par les soldats anglo-canadiens ou allemands.
La majorité a été sondée ou fouillée en totalité et plusieurs d’entre- elles ont livré du mobilier caractéristique de cette période, notamment des caisses de munitions d’artillerie britannique, des équipements militaires ou encore des objets de la vie quotidienne, parmi lesquels une brosse à dents, divers flacons et quelques pièces de monnaie. Des centaines de vestiges de conserves et de rations alimentaires ont également été retrouvées sur une ancienne zone de repos aménagée après les combats dans le secteur de Brouay.

Aménageur : Vesqual Lotisseur
Recherches archéologiques : Inrap
Responsable scientifique : Lydia Guérin (Inrap)