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Des sépultures médiévales dans la cour de l’ENSA de Dijon
Dans la cour de l'École Nationale Supérieure d’Arts de Dijon, une équipe de l'Inrap a mis au jour une vingtaine de sépultures du Moyen Âge, dont une tombe anthropomorphe. Les inhumations semblent prendre place, du moins pour les périodes les plus anciennes, au sein d’un édifice dont la nature reste à déterminer.
En amont de l’aménagement d’un accès PMR dans la cour de l’ENSA (École Nationale Supérieure d’Arts) par l’OPPIC, les archéologues de l’Inrap ont réalisé une fouille archéologique en novembre 2019, sur prescription de l’État (Drac Bourgogne-Franche-Comté). Lors du creusement d’une tranchée préalable à l'installation d'un réseau, une vingtaine de sépultures, partiellement conservées, ont pu être dégagées. Seules les tombes concernées par l’aménagement ont fait l’objet d’une fouille. Le chantier se situe non loin de la crypte de la cathédrale Saint-Bénigne et d'un ancien monastère médiéval. Les archéologues ont ainsi l'opportunité de documenter des faits funéraires dans un contexte religieux très marqué.
Vue depuis la fouille de la cour de l’école et de la cathédrale Saint-Bénigne
Séverine Baudin, Inrap
Des inhumations en coffrage
Les sépultures représentent les vestiges les plus notables : elles sont pratiquées selon différents modes funéraires. La plupart des inhumés sont placés dans des coffrages : ces constructions installées in situ prennent diverses formes. En bois ou en pierre, certaines sont aussi mixtes, c’est-à-dire composées de ces deux matériaux. Les parois des coffrages de pierre peuvent être constituées de petits murets ou de dalles disposées de chant. Ces bordures soutiennent des couvertures en dalles calcaires. Parmi ces sépultures, la plus ancienne paraît plus exceptionnelle dans le contexte régional : le défunt a été installé dans une tombe anthropomorphe aux parois recouvertes de mortier. Celui-ci a piégé des restes de tissus qu’il reste à étudier. Une première datation radiocarbone attribue cette tombe aux XIe-XIIe siècles ce qui correspond au plein développement du monastère après la réforme de Guillaume de Volpiano, abbé associé à l'ordre clunisien et à l'origine de la reconstruction de l'église de Saint-Bénigne au début du XIe siècle.
Vue zénithale de la sépulture 22 : la sépulture est la plus ancienne fouillée sur le site. Elle présente une forme anthropomorphe avec une logette céphalique (aménagement au niveau de la tête).
Séverine Baudin, Inrap
Vue zénithale de la sépulture 22 après la reconstruction photogrammétrique
Séverine Baudin, Inrap
Au fond, niveau de sol blanc construit sur lequel repose la sépulture 22. Les moellons des parois sont observables sur la droite. C'est la succession des couches les plus anciennes observées lors de la fouille.
Séverine Baudin, Inrap
Reste de tissus incrustés dans le mortier appliqué sur les pierres de la sépulture : prélèvement « bloc » pour préserver le tissu.
Manon Michelin, Inrap
Restes de tissus piégés dans le mortier et recouvrant les parois de la sépulture 22.
Séverine Baudin, Inrap
Un contexte funéraire ancien et étendu
Les inhumations fouillées semblent ainsi prendre place, du moins pour les périodes les plus anciennes, au sein d’un édifice dont la nature reste à déterminer. Les traces de ce bâtiment sont très ténues : on observe notamment un sol très bien construit et des fragments d’enduits peints. Sa relation avec l’abbatiale Saint-Bénigne n’a pas encore pu être déterminée : ce bâtiment en est-il une extension ou correspond-il plutôt à un mausolée ? En tout état de cause, s’il a existé, il est rapidement détruit et les sépultures postérieures sont ensuite installées dans un espace ouvert, en périphérie de la rotonde de la cathédrale. Dans le quartier, diverses opérations archéologiques, anciennes et récentes, ont mis en évidence une occupation funéraire de plusieurs siècles et étendue sur une superficie d’au moins 1 ha. Aux tombes de l’Antiquité tardive succèdent de nombreuses inhumations du haut Moyen Âge puis des sépultures du Moyen Âge classique, comme sur le site de l’ENSA.
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bourgogne-Franche-Comté)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Carole Fossurier, Inrap
Sépultures en coffrages de pierres. On observe également la tranchée effectuée par l’entreprise de travaux publics.
Séverine Baudin, Inrap
Sépulture double : les deux sépultures ont vraisemblablement été installées simultanément ou presque. Elles sont toutes deux installées dans un coffrage de pierres dont l’un est de meilleure facture. La rangée de pierres disposées de chant servait à maintenir la couverture des deux sépultures.
Stéphanie Forel-Boeckler, Inrap
Sépulture en coffrage mixte de bois et de pierres. Les jambes ont été recoupées par l’installation d’une autre sépulture tandis qu’un fémur provenant d’un autre individu se trouve sur le bord remanié par les travaux des années 80.
Stéphanie Forel-Boeckler, Inrap
Prélèvement d’une sépulture en coffrage de pierre en partie abîmée par les travaux des années 80 (sur la droite).
Katia Lagorsse, Inrap
Dégagement d’une sépulture et notamment des dalles de surface : la sépulture est très étroite et très abîmée par des travaux des années 80 : son étroitesse lui donne l’apparence d’un mur. Au fond, on distingue la sépulture 22.
Stéphanie Hollocou, Inrap
Prélèvement de différents enduits peints dont certains « à plats » blancs et un motif figuratif.
Stéphanie Hollocou, Inrap