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Des vestiges médiévaux à Chambly Les Marais
À Chambly (Oise), une équipe de l'Inrap a mis au jour des occupations et des structures de stockage qui se sont succédé du VIe au XVe siècle sur un versant de la vallée de l’Esches. Ces ensembles témoignent d'aménagements à plus grande échelle de la rivière.
Au lieu-dit « Les Marais », au bord de l’Esches, un des affluents de l’Oise, l’extension du stade de football de Chambly, a donné lieu à un vaste réaménagement du fond et d'une partie d'un versant de la vallée par la Société aménagement de l’Oise. La fouille de l'Inrap s'est en partie concentrée sur la compréhension stratigraphique des comblements des chenaux successifs et sur le séquençage des occupations au sein des différents niveaux de colluvions et alluvions. Les berges néolithiques n’ont livré aucun témoin d’aménagement. Tout comme la phase Protohistorique qui ne se perçoit que par un fossé parallèle au versant et quelques tessons dans les colluvions. La période gallo-romaine est représentée, elle aussi, par un fossé traversant la pente. La prescription de fouille n’a porté que sur les vestiges médiévaux découverts sur le versant de la vallée et non sur le réseau parcellaire du fond de vallée qui appartenait à la période antique.
Du VIe au XVe siècle
La première occupation d’habitat débute au VIe siècle en partie haute du versant, laquelle a pu être appréhendée en partie. On compte pour cette phase quelques bâtiments sur poteaux plantés dont un modèle excavé à six trous de poteaux parés de petits galets. Au Xe siècle, le versant se densifie avec une occupation tournée vers le stockage des grains en silos souterrains et peut-être également dans les bâtiments sur poteaux plantés. Les trous de poteaux sont particulièrement imposants, de plus d’un mètre de diamètre pour des négatifs clairement identifiés de moins de 40 cm. Un seul four à pain a été observé. Un petit atelier de forge a été retrouvé en place avec son foyer, ses différents niveaux d’utilisation et ses outils (pince, moule, enclume).
A cette phase, qui semble se poursuivre jusqu’à la fin du XIIIe siècle, succède une réorganisation du versant avec des bâtiments construits sur fondations de pierre. Ils sont implantés à la fois sur le versant et à l’amorce de la vallée, postérieurs à l’un des chenaux comblés, et remontent aux XIVe-XVe siècles. Le chenal en fonctionnement à cette période n’est pas visible dans l’emprise. L’un des bâtiments peut être clairement interprété comme une boulangerie, trois soles de fours sont conservées. Des briques crues ont sans doute été utilisées pour la mise en œuvre du dôme.
Un chemin creux a également été identifié, perpendiculaire à la vallée, qui a peut-être servi à toutes les époques.
une communauté ecclésiastique
Les aménagements de la rivière à plus grand échelle sont un enjeu majeur pour la compréhension des occupations fouillées cette année. Au XVIIe siècle, un grand bief a été mis en place, à 100 m en amont, pour un moulin qui est encore en activité. Les différentes structures de stockages repérée pour la période médiévale ainsi que les bâtiments XIVe-XVe siècles doivent avoir un lien avec la rivière (moulin, port..). La présence d'une communauté ecclésiastique (Saint-Martin de Pontoise ?) est attestée à l’époque moderne avec la ferme voisine du Mesnil-Saint-Martin. Certains objets laissent présager de cette présence dès le XIIIe siècle : méreaux (jeton-monnaie ecclésiastique), moule à méreaux, gourde de pèlerin, etc. L’étude documentaire mettra l’accent sur la vérification du lien entre cette communauté et l’implantation du bief au XVIIe siècle ainsi que sur l'insertion de cette communauté dans le territoire.
Responsable de recherches archéologiques : Gaëlle Bruley-Chabot (Inrap)
Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie et DRAC Hauts-de-France
Vue générale du site et de la vallée de l’Esches
P. Raymond, Inrap
Plan provisoire des vestiges (par type)
P. Raymond, Inrap
La boulangerie
P. Raymond, Inrap
Lot de boucles trouvées dans le fond du chenal médiéval
V. Bionaz, Inrap
Moule à méreaux
V. Bionaz, Inrap