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Du jeu de paume à la <i>Marseillaise</i>
La Ville de Marseille projette la création d'un mémorial de la Marseillaise à l'emplacement d'un ancien jeu de paume, rue Thubaneau, devenu temporairement le siège des Jacobins sous la Révolution. Écrit par Rouget de Lisle en avril 1792, ce qui allait devenir l'hymne national de la République française y aurait été entendu puis diffusé jusqu'à Paris par les fédérés de Marseille.
Un diagnostic, suivi d'une étude du bâti, a montré l'exceptionnelle conservation de la salle de ce bâtiment, en dépit de sa transformation en théâtre puis en bains publics.
Les archives ont permis de compléter des recherches archéologiques rendues difficiles par les nombreux obstacles liés à la sécurité : risques d'effondrement, chute de pierre et présence d'amiante.
Un jeu de paume dans la « ville nouvelle »
Des murs conservés sur toute leur hauteur
La suppression des enduits récents a révélé une partie des murs conservés sur toute leur hauteur, soit 10,50 m. La charpente serait également d'origine.
La salle du jeu de paume mesure 11 m par 31 m. Les murs gouttereaux se décomposent en deux murs accolés : l'un situé à l'intérieur, haut de 5,50 m et supportant probablement une tribune ; l'autre constitué d'une succession d'arcades aveugles, jusqu'à la hauteur des tribunes, dont les jambages, surmontés de piliers, soutiennent les fermes de la charpente. Ces dernières, au nombre de 7, ne mesurent pas moins de 12 m. Entre les piliers, quatorze fenêtres, de 4,50 m de haut sur 2 m de large, étaient grillagées et dotées d'un garde-corps à l'arrière des tribunes. La façade (mur pignon sud) dispose d'une entrée. D'autres ouvertures, qui permettaient l'accès aux cours latérales, au billard et au salon, ont été identifiées.
Le mur de « bricole »
Aucun élément du sol n'est conservé, le terrain ayant été rabaissé postérieurement. Cependant, des galeries latérales ont été identifiées au sol et contre les murs pignons. Détruits lors de la transformation de la salle en théâtre, ces couloirs étaient pourvus d'un toit permettant le rebond de la balle.
L'adaptation locale d'une architecture canonique
Identique aux jeux de paume d'Aix-en-Provence et de Toulon, tous deux disparus, le jeu de paume de la rue Thubaneau est le dernier conservé à Marseille et plus largement en Provence.
Son étude a mis en évidence l'adaptation locale d'une norme architecturale nationale, en particulier dans l'utilisation de la pierre sur toute la hauteur du bâtiment et de la pierre de taille pour le « mur de bricole », élément maître du jeu. Considéré comme exceptionnel, ce mur a fait l'objet d'une mesure de conservation par les Bâtiments de France, et sera intégré dans le futur musée.