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Du nouveau sur le site des chasseurs-cueilleurs des Tarterêts III à Corbeil-Essonnes (Essonne)
Une fouille programmée, dans le quartier des Tarterêts à Corbeil-Essonnes, a révélé un site paléolithique encore plus ancien (entre 14 520 et 23 200 ans avant le présent) que les autres occupations magdaléniennes déjà identifiées à proximité. La fouille fait l'objet d'un ambitieux programme de médiation culturelle et scientifique auprès des habitants du quartier.
Depuis le 26 août 2019, le quartier des Tarterêts à Corbeil-Essonnes fait l’objet d’un programme de recherches mené par des archéologues de l’Inrap, du CNRS et de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Les recherches archéologiques ont révélé des vestiges de campements datés du Paléolithique récent (période qui s’étend d’environ 40 000 à 10 000 avant J.-C.) permettant de mieux connaître les sociétés qui ont vécu dans le Bassin parisien il y a plus de 15 000 ans. Les fouilles s’insèrent dans un projet culturel de territoire, « Dans les pas des derniers chasseurs-cueilleurs du sud de l’Île-de-France », en Essonne et en Seine-et-Marne, visant à valoriser le Paléolithique et à diffuser sa connaissance auprès du public.
Vue panoramique du site des Tarterêts III. Au second plan, la chaufferie des années 1970 classée aux Monuments Historiques.
© Hamid Azmoun, Inrap
Des bords de Seine riches en gisements du Paléolithique récent
Le diagnostic, prescrit en 2012 par le service régional de l’Archéologie (Drac Île-de-France) sur une parcelle de 1 751 m² de terrain vague, avant l’aménagement d’un entrepôt, avait permis de découvrir ce nouveau site paléolithique. Le gisement se situe au cœur d’une zone d’occupation très ancienne attestée par de nombreuses découvertes. Dans les années 1970, les travaux d’aménagement de La Francilienne et la construction des grands ensembles avaient mis au jour deux sites magdaléniens récent (vers 15 000 ans avant aujourd’hui). À proximité de ces découvertes, sur l’autre rive de la Seine, se situe le célèbre site magdalénien d’Étiolles, étudié depuis 50 ans.
Une fréquentation du site plus ancienne que sur les sites voisins
Le site des « Tarterêts III » a livré des vestiges (principalement des silex taillés et des os d’animaux) préservés dans les anciennes berges de la Seine. La présence inédite de témoins osseux en bon état de conservation, dont un os de tibia de cheval présentant des traces de découpe, a permis d’obtenir à ce jour des datations radiocarbones, aussi appelées carbone 14 (14C), exceptionnelles dans le Bassin parisien, qui font état d’occupations entre 23 200 et 14 520 ans avant le présent, nettement plus anciennes que les occupations des Tarterêts I, II et de celles d’Étiolles.
Dégagement d’un tibia de cheval.
© Cécile Ollivier-Alibert, Inrap
Détail du tibia de cheval.
© Cécile Ollivier-Alibert, Inrap.
Concentration lithique en cours de fouille.
© Cécile Ollivier-Alibert, Inrap.
Par ailleurs, les observations de la stratigraphie ont mis en évidence des processus post-dépositionnels, liés à des effondrements de berge en contexte périglaciaire, affectant les niveaux d’occupations. Si la fouille pose de nouvelles questions d’ordre taphonomiques, chronologiques et archéologiques, l’acquisition de nouvelles données paléoenvironnementales permettra de préciser le contexte d’implantation de ces occupations humaines successives.
Vue d’une coupe stratigraphique illustrant un exemple de cisaillement profond (effondrement d’un bloc sédimentaire).
© Cécile Ollivier-Alibert, Inrap.
Enfin, les archéologues ont découvert une prémolaire fossile de hyène datée de 43 000 ans avant le présent. L'hypothèse la plus probable est que cette dent a été collectée ailleurs puis ramenée sur le site, à moins que sa présence à ce niveau soit due à un bouleversement dans la stratigraphie du site situé à la confluence de l'Essonne et de la Seine.
Les Tarterêts, au cœur d’un programme de médiation scientifique et culturelle pour 2022
La fouille programmée des Tarterêts III porte également une ambition de médiation
scientifique et culturelle auprès des habitants du quartier et de la ville dans
le cadre des missions d'éducation artistique et cultuelle (EAC) et de la valorisation
de la recherche. Ces actions sont déployées sur le terrain depuis 2018 par l’association ArkéoMédia avec le soutien de l'État et des collectivités territoriales.
- Samedi 19 mars 2022 à 16h
Conférence dessinée à la Maison des Associations de Corbeil-Essonnes,
15 avenue Strathkelvin, 91100 Corbeil-Essonnes
Retrouvez les archéologues et Virginie Nahon, illustratrice, pour une présentation d’un nouveau genre des fouilles archéologiques menées aux Tarterêts.
- Mercredi 23 mars 2022 à 17h30
Conférence "Les Tarterêts : une histoire de l'humanité dans la cité"
Institut national du patrimoine
Cécile Ollivier-Alibert, archéologue à l’Inrap et Mahmoud Ismail, architecte des Bâtiments de France, échangeront sur le site archéologique des Tarterêts, son histoire, ce qu’il révèle et comment il s'inscrit dans la cité.
- Vendredi 20 mai 2022
Projection de film et échanges avec les archéologues dans le cadre des « 1001 nuits aux Tarterêts », organisé par l’association La Toile :
Les aventuriers de l’arche perdue (Steven Spielberg, 1981)
- Vendredi 22 juillet 2022
Porte ouverte du chantier de fouille dans le cadre du Festival Barak’Théâtre
L’association ArkéoMédia est une association loi 1901, à but non lucratif. Créée en mars 2007, elle a pour objectif de contribuer à une meilleure diffusion des connaissances et des méthodes de la recherche dans le domaine de l’archéologie et de l’anthropologie et de rendre accessible à toutes et à tous l’ensemble de ces savoirs. Pour répondre à son objectif, l’association conçoit et anime des ateliers scientifiques en milieu scolaire, en temps de loisirs, dans le cadre d’expositions, de rendez-vous annuels et ponctuels. Elle fabrique des outils pédagogiques, forme des médiateurs, propose ses conseils et son expertise et participe activement à soutenir la recherche en archéologie et en valorisation de cette discipline.
Recherche archéologique : Inrap, CNRS et université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Responsables scientifiques : Cécile Ollivier-Alibert, Inrap ; Élisa Caron-Laviolette, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Ludovic Mevel, CNRS