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Espace d'entreprise RD 929
A Tôtes, Seine-Maritime, Cette fouille a été réalisée en juillet 2004 sur 1 700 m2, suite à un diagnostic qui a révélé l'existence d'une occupation rurale gallo-romaine.
Le site se trouve sur un plateau, dans l'est du Pays de Caux, à proximité d'une voie romaine reliant Dieppe à Rouen. Un établissement rural gallo-romain comprenant un enclos, un bâtiment sur poteaux et sablières basses et plusieurs fosses liées à l'extraction du sous-sol limoneux, soit un ensemble d'une centaine de structures, a été découvert.
Mobilier gallo-romain.
Dessin Y.-M. Adrian/Inrap.
Cet ensemble se met en place dans le courant du ier s. de notre ère, sur un terrain auparavant inoccupé, et perdure jusqu'au IIIe s. Il comprend, comme élément structurant, un enclos délimité, côté ouest, par deux fossés parallèles et, côté sud, par un large fossé unique. L'espace central, dont une partie seulement de la surface est comprise dans la zone d'étude, inclut, à proximité immédiate d'un fossé d'enceinte, deux fosses ateliers occupant une parcelle au sein de l'enclos qui a fait l'objet d'au moins une division interne. On peut supposer que cette division marque une différence fonctionnelle entre des aires réservées à l'exploitation agricole et des espaces dédiés aux activités domestiques ou artisanales. À l'extérieur et en bordure de l'enclos, on note un noyau agricole composé d'une batterie de silos, d'un grenier et d'un bâtiment. L'horizon d'occupation étant fortement arasé, l'interprétation du bâtiment ne peut reposer que sur les parties inférieures des structures. Celles-ci comprennent, sur les grands côtés, des sablières basses et, sur les petits côtés, des trous de poteau, et laissent deviner deux ouvertures permettant un accès des deux côtés. Ce concept d'une construction en pan de bois et terre crue sur sablière basse posée dans une tranchée peu profonde constitue un héritage architectural de l'âge du Fer qui perdure en Normandie pendant la période gallo-romaine.
Les éléments permettant de fixer la chronologie absolue de ce bâtiment sont peu nombreux et se limitent à un petit nombre de tessons de céramique dont la datation concorde avec la chronologie générale du site, entre le ier et le IIIe s. de notre ère. On ignore, néanmoins, si le bâtiment a fonctionné sans interruption pendant toute cette période ou bien s'il a connu plusieurs phases d'activité. L'enclos et le bâtiment s'insèrent dans un système parcellaire orthogonal orienté NE/SO et NO/SE. La quasi-absence de matériel archéologique et d'indices d'aménagement caractéristiques rend difficile une identification fonctionnelle du bâtiment. Son emplacement à l'extérieur de l'enclos, dans un secteur qui regroupe des structures à vocation agricole (grenier, silo, fosse...) conduit à l'identifier comme une dépendance, à fonction artisanale ou agricole, d'une ferme gallo-romaine. À cet ensemble s'ajoutent une douzaine de structures en creux réparties sur toute l'emprise qui peuvent être identifiées comme des fosses aménagées dans l'objectif d'exploiter le sous-sol limoneux. Elles possèdent des formes variées et des volumes plus ou moins importants (d'une dizaine de mètres cubes jusqu'à 200 m3 et au-delà) et semblent avoir fonctionné de manière ponctuelle, en fonction de demandes précises d'approvisionnement en matériau limoneux. Certaines connaissent une utilisation secondaire en tant que mare ou fosse dépotoir.