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Hameau gaulois et <I>villa</I> romaine à Ville-Saint-Jacques
A Ville-Saint-Jacques, le potentiel archéologique de la confluence de la Seine et de l'Yonne, en Seine-et-Marne, a été étudié par des bénévoles de Montereau et de Bray-sur-Seine puis, à partir de 1978, par les services de l'État en partenariat avec le département et les exploitants de granulats.
Depuis juillet, des archéologues de l'Inrap ont mis au jour de nombreux vestiges témoignant de la présence de l'homme depuis la Préhistoire jusqu'à nos jours.
L'habitat de l'âge du Fer (VIIIe s. av. notre ère)
Ce secteur est constitué de fosses (dont certaines pourraient être liées au stockage agricole), de foyers, de fossés et de trous de poteaux révélant la présence de bâtiments d'habitation, d'annexes agricoles ou de greniers, dont le nombre évoque l'existence d'un hameau. Le mobilier recueilli, qui se compose principalement de tessons de céramique et de fragments d'os animaux, nous renseigne sur le mode de vie des occupants.
Par ailleurs, la découverte de fossés témoigne d'une structuration de l'espace habité, ce qui, en l'état des connaissances pour cette époque, demeure relativement rare et laisse penser que les habitants de ce hameau bénéficiaient d'un statut particulier. La fouille permettra de répondre à cette hypothèse.
Alors que les données archéologiques de cette période dans ce secteur demeurent essentiellement liées à la sphère funéraire, la fouille de cette installation est à mettre en relation avec les structures contemporaines fouillées lors de précédentes opérations et documente utilement nos connaissances sur l'habitat.
La villa gallo-romaine (IVe s. de notre ère)
L'emprise fouillée abrite l'extrémité de la zone domestique d'une villa, appelée pars urbana, et matérialisée par les fondations en pierres calcaires d'un ou de plusieurs bâtiments.
Un ensemble de fossés s'organise de façon à structurer l'espace et marquent ainsi la limite avec la pars rustica, appellation donnée à un vaste espace de travail et/ou de stockage où étaient implantées les annexes agricoles et d'éventuelles maisons d'ouvriers. Elle est ici matérialisée par un enclos d'environ 4 400 m² à l'intérieur duquel ont été découverts des foyers, des trous de poteau et diverses fosses.
Au moins un des fossés est associé à une rangée de trous de poteaux qui le longent, évoquant la présence d'une palissade.
D'autres fossés semblent obéir à une organisation distincte, ce qui nous permet d'envisager deux phases d'occupation.
Des objets de la vie quotidienne
Un certain nombre d'objets a été recueilli dans le cadre de la fouille. Il s'agit principalement de récipients en céramique fragmentés, d'os animaux qui sont les déchets des repas des occupants et qui informent sur l'économie de chasse ou d'élevage et donc sur leur statut social. Quelques monnaies, qui sont des indices chronologiques très précis, et des objets en fer, qui sont autant d'éléments de parure, d'outils ou d'armes, ont également été trouvés dans les structures.
Un dépôt d'outils en fer a été découvert dans un des fossés de la pars rustica. Associé à des éléments liés à la faune et à des récipients en céramique, il constitue une découverte particulièrement intéressante en raison de la rareté des découvertes d'outils gallo-romains, et particulièrement ceux liés aux activités agricoles. En effet, parvenus à un état d'usure avancé, ceux-ci étaient bien souvent réutilisés à d'autres fins, voire refondus dans le but de fabriquer d'autres objets courants.