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La découverte d’un quartier artisanal antique à Cavaillon (Vaucluse)
En préalable à la construction d’un ensemble immobilier par l’entreprise COFFIM, l'Inrap fouille une superficie de 5 500 m² au nord de la colline Saint-Jacques, à l’emplacement supposé de l’agglomération gauloise de Cavaillon–Cabellio. Les vestiges mis au jour sont ceux d’un probable quartier artisanal en activité entre le IVe et le IIIe siècle avant J.-C. puis réoccupé au début du Haut-Empire. La fouille met déjà en évidence trois états d’occupation.
Les vestiges découverts témoignent de la présence de constructions sur solins de pierres et d’élévations en briques crues. Les niveaux de sols conservés livrent des soles de foyers et fosses charbonneuses ou des rejets de foyers, du mobilier céramique, un béton de tuileau peint , ainsi que des caniveaux en pierres qui permettent l’assainissement du quartier. Un four certainement utilisé pour la fabrication de céramique a été mis au jour. Les réaménagements de sa chambre de chauffe indiquent une utilisation longue. À quelques mètres, la superstructure d’un autre four artisanal ou culinaire est effondrée.
Vue zénithale d’une pièce au sol aménagé de foyers.
© R. Denis Inrap
Fouille des structures artisanales.
© S. Bezault, Inrap
Exemple de solin de mur en pierre.
© A. Authier, Inrap
Sondage dans le caniveau en pierre.
© A. Authier, Inrap
Four et aménagements en terre dans la pièce à abside.
© A. Cauvin, Inrap
Four de potier avant la fouille.
© E. Sagetat-Basseuil, Inrap
Le site est également connu pour la présence de puits dont plusieurs dizaines ont été fouillés en 1965, visibles dans des fronts de taille de la colline Saint-Jacques. Ces puits allant jusqu’15 m de profondeur ont livré de nombreux éléments céramiques. Ce type de structures renferme les témoins de l’occupation environnante sans que les constructions modernes, la mise en culture ou même la récupération des objets et vestiges aux époques anciennes viennent perturber le dépôt. Les objets intentionnellement jetés ou seulement tombés accidentellement dans le puits peuvent nous apprendre beaucoup sur les populations anciennes et la fonction de ces structures. Le contexte humide de certains puits favorise également la conservation des matériaux périssables, comme les graines et les pollens. Ces derniers permettent de restituer l’environnement végétal du site à telle ou telle époque de son occupation ; ici la période hellénistique et le début de l’époque romaine.
Étude de la coupe d’un puits en cours de fouille.
© E. Sagetat-Basseuil, Inrap
À Cavaillon, deux puits ont été fouillés par la cellule CISAP (Cellule d'intervention sur les structures archéologiques profondes) de l'Inrap. Un premier puits large à son ouverture de 1,20 m a été étudié jusqu’à une profondeur de 8,40 m sans atteindre le fond, la fouille ayant dû être stoppée pour des raisons de sécurité. Le second puits a, lui, été fouillé jusqu'au fond, à une profondeur de 6,50 m. Large à son ouverture de seulement 0,80 m, il se réduit à environ 0,60 m au fond. Les mobiliers découverts dans ces deux structures consistent en assemblages céramiques, fragments d’enduits peints et fragments de faune relativement similaires. Le premier semble avoir une fonction de puits pour l’accès à l’eau alors que le second n’a, semble-t-il, jamais été en eau en regard des sédiments découverts dans la structure. Ce type de structure profonde, d’un diamètre réduit est largement représentée à Cavaillon sur le site du Prosper Mérimée puisque une dizaine ont aujourd’hui pu être identifiées. Leur fonction reste pour l’instant à comprendre.
Vue de drone de la zone 2 du site archéologique de Cavaillon.
© R. Denis, Inrap
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Provence-Alpes-Côte d'Azur)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Elsa Sagetat-Basseuil, Inrap