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La fouille de Grange Rouge : 3000 ans d'histoire à Quincieux
À l'occasion de la construction de l'autoroute A46, au début des années 1990, puis de son élargissement et de la création d'une zone de restitution des crues par APRR en 2013, des diagnostics archéologiques (1987-88 et 2012) puis des fouilles (1989 et 2013) ont été entrepris au lieu-dit Grange Rouge à Quincieux, dans le Rhône.
La fouille de Grange Rouge : 3000 ans d'histoire à Quincieux.
La fouille préventive, menée du 18 février à la mi-septembre 2013, par une équipe de l'Inrap, couvre une superficie de 9 hectares.
Ces opérations archéologiques ont permis de mettre en évidence des installations humaines récurrentes depuis au moins trois millénaires, à proximité de la Saône.
Les périodes les plus représentées sont la fin de l'âge du Bronze (1000 à 750 avant notre ère), le début de la période gallo-romaine (vers 50 avant notre ère), l'Antiquité tardive (Ve siècle), le haut Moyen Âge (VIe-VIIIe siècle), le Moyen Âge central (XIe-XIIe siècle) ainsi que l'Époque moderne (XVIe-XVIIe siècle).
Un habitat et une nécropole à incinération de la fin de l'âge du Bronze (1000 à 750 avant notre ère)
Cette période est la plus représentée, comme l'attestent les traces d'occupation sur la quasi-totalité de la fouille. Des fosses silos, permettant la conservation des récoltes, des traces de poteaux matérialisant des bâtiments et un mobilier céramique abondant permettront de restituer le mode de vie des habitants du lieu.
L'occupation funéraire, d'une étendue de 2,5 hectares, déjà mise en évidence en 1989, est d'un intérêt majeur pour la connaissance des pratiques funéraires de cette période. Il ne reste pas de trace des bûchers mais seulement des sépultures à incinérations.
Certaines recèlent plusieurs vases ossuaires, tandis que dans d'autres, les ossements et les cendres étaient déposés en terre, probablement dans des contenants en matière périssable aujourd'hui disparus (bois, cuir, tissus...).
Plusieurs enclos, sous forme de fossés circulaires, attestent la vocation funéraire du lieu, mais l'absence de tombes et de mobilier ne permet pas de les associer avec certitude aux incinérations. Ils pourraient aussi bien témoigner de pratiques antérieures durant l'âge du Bronze ou postérieures, à l'âge du Fer (750-52 avant notre ère).
Les occupations antiques, médiévales et modernes
De rares vestiges de l'époque gallo-romaine ont été retrouvés... De grands fossés matérialisent la présence des hommes en ce lieu aux alentours de la conquête (seconde moitié du Ier siècle avant notre ère). Ferme indigène, parcellaire... ? La fonction de ces enclos échappe encore. Par ailleurs, de grandes fosses et des épandages de tuiles (cabanes ?) de l'Antiquité tardive (Ve siècle de notre ère) ont été mis au jour.
Au Moyen Âge, l'occupation semble discontinue...Les lieux sont occupés sur une période assez longue du VIe au IXe siècle. Des fonds de cabane (habitats ?, ateliers ?), de nombreuses grandes fosses, des trous de poteau (bâtiments) et trois petits espaces funéraires regroupant chacun de deux à six sépultures en témoignent. Ces vestiges, assez regroupés, sont localisés au nord.
Le Moyen Âge central (XIe-XIIe siècles) est principalement représenté par des traces agricoles (fosses de plantation : vignes ?) fouillées en 1989. Il n'est pas impossible que les fosses retrouvées le long de l'autoroute à l'ouest de la fouille en soient la continuité.
Des bâtiments modernes tombés dans l'oubli ont été mis au jour... Le cadastre napoléonien de 1828 ne laisse entrevoir aucune trace des deux bâtiments mis au jour lors de la fouille. Dépendances agricoles ou lieu de vie, ils sont éloignés d'environ 400 m du château de la Salle et de seulement 50 m de la ferme détruite au siècle dernier lors de la construction de l'autoroute. Le mobilier céramique abondant permet de dater assez précisément leur abandon à la fin du XVIe ou au début du XVIIe siècle.