Les archéologues de l’Inrap font revivre un site connu mais oublié des Dijonnais : la gare « des tacots ». Ces vestiges modernes remettent au grand jour un pan de la mémoire de la ville et de la mobilité lente en Côte-d’Or.

Dernière modification
20 février 2019

En 2017, dans le cadre d’un projet d’aménagement du groupe Voisin Immobilier, une opération de diagnostic réalisée par l’Inrap à Dijon, à l’angle du boulevard de Verdun, de la rue de Colmar et de la rue de Gray, avait mis en évidence de nombreux fragments de faïence et d’imposants piliers et vestiges maçonnés qui pouvaient laisser présumer de la présence ancienne d’une faïencerie. En recherchant ces anciens niveaux, les archéologues ont découvert la gare dite « des tacots », les petits trains qui ont circulé de 1891 à 1946 dans toute la Côte-d’Or.

Faïences et vestiges d’un artisanat dijonnais

Au XIXe siècle, plusieurs faïenceries fonctionnaient à Dijon. Celle de Montmuzard, située à 150 m de la fouille, était, à cette époque , en périphérie de la ville, juste avant le Suzon, qui passe non loin de là, sous le boulevard de Verdun. Toute cette zone a été exploitée comme sablière au XIXe siècle, créant des dépressions de 2,5 à 4 m qui ont été comblées avant la construction de la gare. Des milliers de tessons de faïence, témoins d’une importante production industrielle, ont été ainsi trouvés dans les couches profondes du sol, indiquant que ce terrain avait d’abord servi de dépotoir à la faïencerie voisine.

Redécouvrir le passé ferroviaire de Dijon

C’est en fouillant les niveaux de rejets de l’ancienne faïencerie que les archéologues ont découvert les vestiges de l’ancienne gare dite de la Porte-Neuve, un grand bâtiment quadrangulaire de plus de 35 m de long et subdivisé en sept nefs, qui servait également d’atelier de maintenance. À l’intérieur, quatre fosses maçonnées servaient à l’entretien des voitures. En fonctionnement jusqu’en 1946, la gare a été détruite et le site a été cédé en 1947 à l’État qui y a installé la Direction départementale de l’équipement (DDE). Si des plans nous permettent encore de comprendre le fonctionnement de cette gare et de ce centre de maintenance disparus, les recherches actuelles offrent aux archéologues l’opportunité d’observer des installations anciennes et de redonner vie à un haut-lieu de la mobilité à Dijon et en Côte-d’Or.

 

Mobilité lente

Mise en service en 1892, la gare de la Porte-Neuve à Dijon formait le cœur d’un important réseau ferroviaire secondaire : les Chemins de fer départementaux de la Côte-d’Or (CDCO). Ce réseau de 358 km à voie métrique (écartement des rails : 1000 mm) se distinguait du réseau à voie normale (écartement : 1435 mm) réservé aux liaisons longue distance. Ainsi, la gare de la Porte-Neuve était située à quelques centaines de mètres de la gare éponyme de la compagnie de chemins de fer de Paris-Lyon-Méditerranée (PLM), toujours en service (SNCF).
Plus économique parce qu’elle nécessitait des travaux de construction et d’entretien plus réduits, la voie métrique jouxtait en partie la voie routière. Les trains qui y circulaient étaient des trains à vapeur, plus petits et plus légers que les trains classiques. Leur lenteur (20 km/h) et leur confort rudimentaire sont légendaires et leur ont valu le surnom de « tacots », mais aussi « petit train », « tortillards », « coucous » ou encore « yoyos ». Victimes de leur lenteur et de la concurrence de l’automobile, les tacots ont presque tous disparu après la Seconde Guerre mondiale.

Contrôle scientifique :  Service régional de l’archéologie (DRAC Bourgogne Franche-Comté)
Recherche archéologique :  Inrap
Responsable scientifique :  Stéphanie Morel, Inrap
Aménagement :  Voisin Immobillier