À Chevroches, Nièvre, Les fouilles font suite aux diagnostics archéologiques réalisés au printemps 2000 sur l'emplacement d'un futur village de vacances et d'un port de plaisance.

Dernière modification
10 mai 2016

C'est à cette occasion que la présence d'un important site antique a été confirmée. Il se situe sur la rive gauche de la vallée de l'Yonne, en bordure d'un méandre, au pied d'un plateau calcaire.


Les vestiges s'étendent depuis le fond de la plaine alluviale jusque sur la pente ouest du plateau. Dans l'état actuel des connaissances, il semble que le site se développe selon trois secteurs :
- le premier, au nord, est constitué d'une série de bâtiments implantés sur la plaine alluviale, perpendiculairement à la pente du plateau. Lors des sondages, plusieurs pièces, dont l'une possédait un système de chauffage par hypocauste, ont été partiellement mises au jour. Un petit édicule carré, qui avait été totalement dégagé, constitue très certainement une structure à usage votif. L'ensemble de ces éléments paraît s'intégrer à une grande cour délimitée à l'est par un mur de clôture.
 
- Le deuxième ensemble se situe également dans la plaine. Il s'agit d'une cour dans laquelle s'inscrit un vaste bassin monumental encadré par une galerie quadrangulaire excavée. Son architecture est particulièrement bien soignée, comme le montrent le module des moellons et la grande régularité dans le traitement des diverses maçonneries qui le constituent. La fonction de ce remarquable ensemble n'est pas encore clairement établie. Deux hypothèses sont avancées : comme dans certains grands sites ruraux, ce bassin pourrait être lié plus ou moins directement à la pisciculture. Il pourrait aussi s'agir d'un grand bassin ornemental dont la principale fonction serait l'agrément. L'envasement du fond de cette structure a permis de réaliser divers prélèvements dont l'étude devrait livrer des pistes judicieuses de réflexion. Enfin, à ses abords immédiats, plusieurs maçonneries n'ont été que partiellement abordées. Elles témoignent de la richesse immobilière de ce site et de l'évolution architecturale de cet ensemble sur plusieurs siècles.
 
- Le troisième secteur se situe sur l'emplacement d'un futur port de plaisance et d'un club-house qui accompagneront le projet du village de vacances. C'est ici qu'une équipe de quatre archéologues de l'Afan travaille à la mise au jour de très nombreuses structures gallo-romaines installées à cheval sur la plaine alluviale et sur la pente du plateau. Cette dernière a connu des aménagements en terrasse très complexes qui associent des murs de soutènement, des espaces de circulation, des systèmes de drainage, des cours intérieures, des appentis et divers bâtiments. Un grand nombre de pièces ont conservé des élévations de près d'1 m de haut, des sols et des foyers. Au cours du IVe s. de n. è., un atelier métallurgique a été installé en bordure d'un vaste espace de circulation. L'atelier a conservé ses empierrements de sols et ses niveaux d'utilisation charbonneux. Dans l'un d'entre eux, de nombreux déchets métallurgiques, dont des monnaies partiellement refondues, ont été prélevés. À proximité immédiate de cet atelier, des dépôts métalliques ont été mis au jour. Le premier a livré entre 150 et 200 objets manufacturés, en fer ou en bronze, qui devait constituer sans doute un stock destiné à être retravaillé ou refondu. Parmi les objets de ce dépôt, de nombreux outils ont été reconnus : marteaux, compas, lames, poinçons... Parmi les objets en bronze, figurent une boucle de ceinture, une fibule circulaire, de nombreuses clés zoomorphes et une remarquable bouterolle d'épée à décor ajouré qui porte encore le nom de son propriétaire (ou fabricant) : (J)ulianus. D'une manière générale, le mobilier est très abondant (poteries, ustensiles divers, monnaies, outils...) et se signale par des pièces de qualité remarquable, sinon exceptionnelle, qui devront être à plus ou moins long terme présentées au public.
 
Si l'intérêt du site réside bien sûr dans l'étude de son statut (villa, mansio...) et dans son évolution particulièrement complexe, du Ier s. au Ve s. de n. è., la fouille archéologique va tout particulièrement porter sur les ateliers métallurgiques et l'ensemble architectural dont l'étude présente un potentiel d'informations considérable. Le site de Chevroches pourrait bien être en effet l'une des plus vastes villae gallo-romaines fouillées sur une si grande emprise et d'une manière exhaustive en Bourgogne. En ce qui concerne les ateliers de métallurgistes, il est d'ores et déjà possible d'affirmer que par leur état de conservation et de richesse, ils placent le site de Chevroches au rang des plus importants ensembles de référence de ce type fouillés en Bourgogne, à l'image d'Autun, d'Alésia, du Mont-Beuvray ou des Clérimois.
 
Enfin, la partie haute de la zone sud du site a montré la présence d'une très probable structure mégalithique. Le monument, de plus de 6 m de long, présente encore en place ses orthostats et les dalles de couverture contre lesquelles un important niveau d'occupation du Néolithique vient s'appuyer. Si cette première identification se révèle correcte, il s'agira là encore d'une découverte exceptionnelle qui méritera une protection toute particulière. Afin de mener à bien l'important travail d'étude que nécessite ce site spectaculaire de plusieurs hectares, l'équipe aura besoin de temps et de moyens supplémentaires qui, de toutes façons, ne remettront pas en question la réalisation du village de vacances et de ses annexes.