A Puylaurens, Tarn, La Plaine, l'ouverture régulière de tranchées à la pelle mécanique a révélé l'existence de deux sites chronologiquement distincts : un enclos gaulois et un cimetière médiéval.

Chronique de site
Dernière modification
13 juillet 2016

Après un décapage mécanique sur une superficie de 12 700 m², la fouille s'est déroulée durant trois mois au printemps et à l'été 2006, sous la direction de Laurent Grimbert, avec une vingtaine d'archéologues de l'Inrap et de nombreux bénévoles (club archéologique de Puylaurens, étudiants stagiaires, particuliers).


105 m de côté, signale l'occupation gauloise. Situés hors de l'emprise du projet, les angles sud et nord n'ont pas été retrouvés.
Le fossé est conservé sur une profondeur de 1,60 m pour une largeur d'environ 3 m à l'ouverture. Son comblement a livré de nombreux mobiliers archéologiques : céramiques d'importation, céramiques locales, faune, restes de parois de mur en terre crue, charbons de bois...
Aucune interruption du fossé indiquant une entrée n'a été observée. L'hypothèse de son franchissement au moyen d'une ou de plusieurs passerelle(s) est donc la plus probable.

La vie quotidienne à l'époque gauloise

L'ensemble du mobilier archéologique récolté au cours de la fouille correspond la plupart du temps aux détritus abandonnés par nos ancêtres. Par ses dimensions et sa profondeur, le grand fossé de l'enclos constitue un bon « piège », même si les objets y sont incomplets et fragmentés. On retrouve des tessons d'amphores vinaires, de la céramique d'importation italique et ibérique, des productions indigènes, pour stocker, cuisiner et servir : jarres, faisselles, écuelles, jattes, pots, plats, gobelets, cruches. Cette céramique est modelée ou tournée, avec un traitement de surface (vernis noir, peignage) ou non, parfois avec des décors gravés. Les amphores du puits E sont généralement complètes, et certaines portent des marques de potiers.

10 siècles plus tard : le cimetière médiéval

Une dizaine de siècle plus tard apparaît un cimetière médiéval. Aucune information sur cette fondation n'a été retrouvée dans les archives disponibles. Cet ensemble funéraire est remarquable car l'emprise de la fouille couvre toute la surface du cimetière : les archéologues disposent ainsi de l'échantillon complet d'une population ancienne.

Organisation et chronologie

La fouille a dégagé un peu plus de 400 tombes. Elles apparaissent regroupées par grands ensembles, parfois organisés par segments de rangées ou en lignes. Dans la partie centrale, zone la plus dense en sépultures, les fosses se superposent ou se recoupent souvent. Ces tombes ne sont associées à aucun édifice religieux (chapelle, oratoire, église).
Les modalités d'évolution de cet ensemble funéraire s'appuient sur plusieurs datations 14C. Aux VIIIe-IXe siècles, période des premières inhumations, coexistent plusieurs groupes spatialement distincts, peut-être en relation avec des pratiques d'inhumations familiales. Au Xe siècle les inhumations se regroupent pour une raison inconnue, et un vaste fossé tient alors lieu de limite orientale à la zone funéraire. Au XIe siècle, ce fossé est comblé et les inhumations en outrepassent la limite. Le cimetière est définitivement abandonné entre le XIe et le XIIe siècle. Il est possible que la structuration progressive des paroisses et l'application stricte des réglementations religieuses aient modifié les usages funéraires et précipité l'abandon des anciens lieux d'inhumation. Une mention de 1106 signale indirectement le transfert d'une église Saint-Martin, à proximité immédiate du village de Puylaurens.
Ce nouvel édifice a peut-être exercé un attrait suffisant pour attirer les populations jusqu'alors inhumées dans le cimetière de La Plaine ?