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Le Château
Le village de Bram (Aude) est situé en limite orientale du Lauragais, à 15 km entre Castelnaudary et Carcassonne.
Répondant au projet d'aménagement du territoire soumis au permis de construire, un diagnostic archéologique a été réalisé au nord-ouest de l'agglomération dans la voie d'accès et les jardins du château de Lordat (au nord des bâtiments existants) bordés à l'est par la route départementale 4. L'emprise couvre une surface de 2 749 m2 et comprend, outre le futur bâtiment, deux rampes d'accès traversant une zone boisée.
Le diagnostic s'est révélé positif. Les tranchées ont montré dans la partie ouest une zone non bâtie soumise à une sédimentation colluviale, voire collunio-alluviale pour la période antique.
Dans la partie est, les vestiges composites d'un habitat, principalement pour la période du Haut-Empire d'après l'étude de la céramique, ont été mis au jour. Ils s'organisent sous la forme de bâtiments et de petites unités pour lesquelles le cadre des tranchées, limité par la rampe d'accès à cet endroit, a interdit une réelle vision d'ensemble.
Les techniques de construction sont variées : fondations de murs en assises de tegulae et fragments d'amphores (élévations en terre), fondations de murs employant des blocs de pierre taillés et galets (pan de bois), murs en pierres et liant de mortier de chaux, murs et structures bâties associant pierres et tegulae, radiers de murs employant des tegulae en épi, scellant les ouvrages précédents et s'associant à des vases en place (amphores de Bétique).
La densité et la variété de ces ensembles, s'accordant aux observations et aux études réalisées sur Bram (M. Passelac), témoignent de l'occupation permanente et de la recherche d'adaptabilité.
Par ailleurs, les découvertes réalisées par M. Passelac dans la parcelle directement au nord permettent de confirmer la localisation des vestiges mis au jour en octobre 2003 dans une zone d'habitat plus étendue.
Dans le cadre plus général de l'évolution d'Eburomagus, l'occupation s'inscrit dans la partie nord de l'agglomération, qui connaît son extension maximale au Haut-Empire.
D'un point de vue documentaire et patrimonial, la comparaison du plan terrier de 1760, du cadastre napoléonien de 1830 et des observations sur le terrain ont permis de comprendre et de désigner l'évolution du domaine. Les bâtiments, dont celui du château, ont été fondés au début du XVIIIe s. par le comte Jean-Marie de Lordat, « Baron des États majors, Inspecteur de gendarmerie, Gouverneur de la ville haute de Carcassonne, seigneur de Bram et autres places » (compoix 1761). À cette occasion, certains aménagements oubliés ont été replacés dans le contexte de cette période : soubassement de pont permettant d'accéder aux jardins en partie ouest, pont enjambant un fossé bordier d'usage sanitaire associé à un conduit souterrain maçonné destiné à l'évacuation des eaux, reconnaissance de plafonds à la française, de peintures d'une salle d'apparat masquées sous les enduits, d'éléments de décor restitués en position d'épi de faîtage.