A Le Cheylard, Ardèche, quatre sondages mécaniques (105 m2) ont été réalisés dans la cour du château et au pied de la tour sud-ouest.

Dernière modification
10 mai 2016

Le château de la Cheze est attesté dès 1278 dans une convention fixant les limites de seigneurie entre la Cheze et Brion (à l'ouest du Cheylard, fouillé par P.-Y. Laffont). Il se présente comme un corps de logis quadrangulaire cantonné de quatre tours circulaires dont la plus grosse, au nord, fait office de donjon et abrite la chapelle.

Le château de la Cheze
Le Cheylard/Le château de la Cheze
Coutine et avant-tour sur la cour nord
Cliché M. Goy/Inrap

Reconstruit à la fin du XVIe s., il passe aux protestants en 1622 qui y font d'importants travaux défensifs. En 1629, il subit la réaction catholique et de nouvelles démolitions. Il est remanié au XVIIIe s. par le percement de nouvelles baies remplaçant les fenêtres à meneaux de la façade sud et par des travaux intérieurs. Incendié par les troupes allemandes en 1944 et laissé à l'abandon, il sert de carrière jusqu'aux travaux de consolidation entrepris depuis les années 1980 par l'association de sauvegarde du Patrimoine boutièrois. Construit sur un éperon granitique dominant la ville du Cheylard, les abords du château ont été transformés au milieu du XVIIe s. par la construction d'une vaste terrasse offrant un point de vue sur la vallée. Le corps de logis est installé directement et sans fondations sur le socle granitique affleurant, alors que les quatre tours sont ancrées profondément dans le terrain naturel.

Un sondage au pied de la tour sud-ouest, qui s'est effondrée dans les années 1980, a permis d'en dégager les fondations (2,20 m de large et 1,30 m de haut) ; elle est construite en blocs de granit ébauchés. À l'intérieur de la tour, un niveau de construction a été mis en évidence, il s'agit d'un muret (1 m de long x 0,40 m de large) appuyé sur le rocher, il fonctionne avec un niveau de mortier daté des XIIIe-XVe s. À l'extérieur et contre la tour, un fossé a été fouillé et a fourni quelques tessons (lèvre à bandeau, fond glaçuré) daté des XIIIe-XVe s. Devant la façade d'entrée nord, dans la cour, trois sondages et un décapage de surface ont permis de reconnaître les fondations d'une courtine arasée et d'une tour carrée arasée au niveau du sol actuel. La courtine a été dégagée sur 5 m de long et 1,30 m de large ; elle est liée au donjon (au nord-ouest) par un chaînage présentant un parement. Le mur ne se poursuit pas au-delà de la tour carrée et ne se raccroche pas à la tour opposée. Il est construit en blocs de granit irréguliers noyés dans un mortier de chaux très compact. L'emploi du mortier de chaux est rare dans une région où le granit domine. La chaux pourrait provenir de la vallée du Rhône distante de 60 km. L'avant-tour (4,20 m sur 3,70 m) est construite en moellons de granit assisés ; l'intérieur présente un parement soigné.

Devant la tour, un sondage a mis en évidence une succession de remblais avec un pendage nord-sud qui pourrait correspondre à une phase de démolition tardive consécutive au démantèlement du château vers 1629-1630 (arasement des créneaux et des mâchicoulis). Les sources documentaires relatent, en 1622, la démolition d'une guérite qui pourrait correspondre avec cette avant-tour. Appuyée au rempart, elle devait l'épauler et assurer ou renforcer la défense de la cour principale en cas d'attaque. La fermeture totale de la cour principale du château de la Cheze par un mur d'enceinte n'est pas attestée avec certitude avant le XIVe-XVe s. La fonction principale du rempart semble la protection de la porte Renaissance de la chapelle du donjon et de l'entrée de l'escalier desservant le corps de logis. Le rempart est renforcé tardivement par une avant-tour carrée construite vers 1620 et démolie vers 1630 à une époque où le château se transforme en résidence et où ses abords sont aménagés en terrasse.