A quelques kilomètres de Paris, une équipe de l'Inrap dégage actuellement les vestiges d'un habitat seigneurial du second Moyen Âge, à Lisses (Essonne). Si le lieu-dit de La Ferme du Bois Chaland est bien connu, l'archéologie du lieu remonte au XIIIe siècle.

Dernière modification
19 février 2016

Ferme à l'époque moderne, le Bois Chaland était une puissante bâtisse possédant enceinte, fossé, tour et vaste demeure au second Moyen Âge (XIIIe - XVIe siècles).
L'espace intérieur de 4080 m² correspond exactement à un arpent.
La tour de 12 m de diamètre est établie sur une butte. La position surélevée de la tour est le marqueur social qui inscrit dans le paysage le pouvoir du propriétaire.
L'angle ouest de la cour est occupé par un bâtiment possédant contreforts et piliers dont la fonction reste à préciser. Au XVIIIe siècle, une vaste grange (toujours en élévation) s'implantera à peu près dans son emprise.
L'ensemble participe à la fonction symbolique de cet emblème de la féodalité.

Un château d'un arpent

A l'extérieur de l'enceinte, le substrat très argileux nécessite l'aménagement de nombreux fossés drainant les eaux vers un second enclos quadrangulaire plus large. Les plans anciens ainsi que les photographies aériennes réalisées en 1930 et 1959, c'est-à-dire avant l'implantation de l'autoroute A6 limitrophe, permettent d'en restituer le plan dans sa totalité.
Un long bâtiment édifié à la fin du XIIIe siècle est sans doute le logis seigneurial connu par les textes. A proximité, les archéologues ont dégagé plusieurs ateliers (tissage etc.). De nombreuses fosses ont livré des restes d'animaux domestiques.

La vaisselle d'un écuyer

La richesse du mobilier céramique découvert confirme le statut social privilégié de l'occupant : écuyer, chevalier...Au XIIIe siècle, un seigneur Girard-Chalam est attesté.
Il s'agit surtout de vaisselle de table glaçurée et très décorée provenant d'ateliers parisiens: pichets, pots...  Si cette céramique des XIIIe et du début du XIVe siècle est abondante, il n'en est pas de même de celle de la seconde moitié du XIVe siècle au XVIe siècle. D'après les sources écrites, les causes de l'abandon de l'habitat seigneurial auraient été la Guerre de Cent ans, la peste noire et la Jacquerie de 1358 qui ont ravagé l'Île-de-France.

Aujourd'hui les archéologues possèdent pour la première fois le plan complet d'un habitat seigneurial rural d'Île-de-France et de son évolution en ferme moderne. On passe donc, sur un même espace, d'un habitat médiéval éclaté, à un habitat regroupé, fermé, autour d'une cour centrale à l'époque moderne. Cette organisation perdurera jusqu'au XXe siècle.
Propriétaire : Immobilière Vendôme/Crédit Foncier
Responsable scientifique : Laure Cissé, Inrap
Contrôle scientifique : Service régional d'archéologie (DRAC Île-de-France) 
Contact(s) :

Mahaut Tyrrell
chargée de communication médias
Inrap, pôle partenariats et médias
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