Depuis 1988, la création de la ZAC du forum des Carmes à Nîmes a donné lieu à deux campagnes de fouilles, en 1997 et en 2011. Le site, à l'extérieur de Nîmes, est à 650 m à l'est de l'enceinte gauloise.

Dernière modification
30 septembre 2016

À partir de l'époque romaine et de l'agrandissement de la ville, il se retrouve quasiment au contact de l'une de ses portes principales : la porte d'Auguste. C'est un lieu où se croisent alors le cours fluctuant de l'Agau (un ruisseau qui traverse la ville et alimente ses moulins) et plusieurs routes, au nombre desquelles la voie Domitienne, qui constitue depuis le IIe siècle avant notre ère le principal axe de circulation de la région. 

Les vestiges du couvent

Les vestiges du couvent
À la fin du XIIIe siècle, le site accueille le couvent nîmois de l'ordre du Carmel, qui s'installe à l'extérieur de la ville, devant la porte d'Auguste, à la jonction du chemin d'Avignon (nouveau nom de la voie Domitienne) et du chemin d'Arles.
En 1997, la première fouille a permis la mise au jour d'une cour bordée à l'est d'une bâtisse du XIVe siècle aux pièces morcelées et à l'ouest d'un grand bâtiment, sans doute à étage, édifié au XVe siècle. Les fouilles de 2011 complètent ce plan. Au nord de la cour, un cloître et une chapelle funéraire attenante ont été découverts, ainsi que, le long du chemin d'Avignon, un grand bâtiment mal conservé. Il comportait des balustres moulurés, peut-être des fenêtres à remplage et un mobilier funéraire ou liturgique orné de sculptures gothiques peintes, dont quelques fragments ont été retrouvés dans les couches de démolition. Ces éléments, et les puissantes fondations de l'édifice, ont conduit les archéologues à penser qu'il s'agirait de l'église du couvent. Cependant, les quelques murs qui en subsistent et surtout des piliers découverts il y a peu pourraient remettre en question cette hypothèse.

Un lieu d'inhumation pour les Nîmois

Du XIVe au XVIe siècle, la partie nord du couvent a servi de cimetière aux habitants de Nîmes. Les sépultures, principalement en tombes individuelles, sont parfois doubles ou en caveau. Fréquemment, les corps sont mis en terre dans un drap ou un linceul, parfois dans un cercueil de bois, mais exceptionnellement avec du mobilier. Deux individus ont été inhumés avec un flacon de verre bleuté contre la tête, deux autres, avec un pendentif en jais figurant une coquille Saint-Jacques, avaient sûrement effectué le pèlerinage de Compostelle.
Les tombes sont réparties, avec une densité moyenne, dans les galeries à l'ouest du cloître et dans le bâtiment du nord. Dans la cour du cloître, dans ses galeries nord, est et sud et dans la chapelle funéraire, la densité, d'abord moyenne, augmente au fil du temps. À l'est de leur enclos, les frères Carmes ont gardé un vaste espace ouvert : un jardin potager, un jardin de simple ou un jardin d'agrément.

Un petit ensemble funéraire protohistorique

Grâce aux résultats des recherches effectuées en 1997 et aux premiers indices révélés par la fouille de 2011, deux niveaux d'occupation antiques se dessinent. Le plus ancien remonte au IIe siècle avant notre ère. Le site est traversé par deux voies : la Domitienne, qui n'est alors qu'un chemin de terre desservant l'agglomération gauloise, et une voie empierrée, légèrement divergente, qui semble éviter la ville. Cette dernière, de 9,40 m de large, est entretenue jusque dans les premières années de notre ère, comme en témoignent plusieurs recharges.
Entre les deux voies, des vignes et un petit ensemble funéraire protohistorique ont été identifiés. Actuellement, une seule tombe a été mise au jour. Il s'agit d'une sépulture aménagée entre 100 et 75 avant notre ère. Le coffre, en pierre et bois, contenait des dépôts funéraires disposés sur trois niveaux : sur le fond, sur une sorte de table et sur la couverture de la tombe. Ces dépôts sont constitués d'un reste du bûcher funéraire (un os brûlé d'adulte), de fragments d'armes ayant pu appartenir au défunt, de pièces de viande et de vaisselle non brûlée attestant de la pratique du repas funéraire. 
D'autres tombes de cette période sont attendues sous les vestiges médiévaux, entre les deux voies d'époque républicaine.

Des vestiges antiques

Pendant le Haut-Empire, la voie empierrée est abandonnée et seule la voie Domitienne perdure. Rénovée, elle semble alors avoir traversé un faubourg dont l'existence est suggérée par plusieurs découvertes réalisées dans le quartier. 
Sur le site des Carmes, on devrait découvrir l'extension de deux établissements ruraux du 1er siècle de notre ère mis au jour en 1997. L'un d'entre eux avait livré un puits avec son système de puisage, des dolia pour le stockage et une aire de broyage. Bâti dans les années 30-40, il fut abandonné après les années 80. L'autre, également construit vers 35, associait une aile d'habitation et une cour. De 90 à 125, des pièces domestiques ou économiques y furent ajoutées, notamment un bâtiment abritant un four puis un cellier. Son dernier état, non daté, réutilise des éléments ornementaux provenant de la nécropole voisine, en particulier un chapiteau avec des figures et une inscription. Ces établissements ont certainement utilisé les eaux de l'Agau et l'un d'eux fit une grande consommation d'amphores de Lipari. Celles-ci sont connues pour avoir transporté de l'alun dont on se servait pour le tannage et la teinturerie, activités certainement pratiquées aux Carmes au Ier siècle.
Les fouilles de 2011 devraient également révéler la nature des aménagements en bordure de la voie Domitienne. 
Une sépulture en coffre et un mausolée ont déjà été repérés, il reste à documenter l'extension et la densité de la nécropole et à observer la manière dont l'espace de circulation, l'espace funéraire et l'espace artisanal habité s'imbriquent.
Aménagement : SAT
Responsable scientifique : Odile Maufras, Inrap
Contrôle scientifique : Service régional de l'Archéologie (Drac Languedoc-Roussillon)