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Les berges d’un étang à Lattes (Hérault), du Néolithique au Moyen Âge
Les archéologues de l’Inrap ont étudié l’occupation et les aménagements des berges d’un ancien étang en partie disparu, l’Estanel, en périphérie de la grande agglomération fortifiée gauloise de la Cougourlude, précédemment découverte par les équipes de l’Institut.
Conduites sur prescription de l’État (Drac Occitanie), à l’occasion d’un projet de construction d’une résidence s’intégrant dans le vaste projet d’aménagement « Ode à la Mer », les recherches se sont déroulées entre les mois d’avril et juillet 2022 sur une surface de 1 500 m².
Les berges d’un marécage
Dans le secteur étudié, les abords peu profonds et vaseux de l’étang ne permettaient pas, jadis, un accès direct à l’eau libre depuis la berge : une roselière devait vraisemblablement occuper l’espace dont le niveau d’eau variait considérablement selon les saisons. Aucun débarcadère ou ponton n’a ainsi été mis au jour. Cependant, les archéologues ont retrouvé les traces de la succession des occupations plus ou moins fugaces de la rive.
Au Néolithique, quelques tessons de poteries et autres silex taillés attestent une première fréquentation ponctuelle de la berge.
Détail d’un niveau d’épandage de mobilier néolithique sur la berge (galets éclatés au feu, céramique, silex).
© Inrap
Il faudra attendre ensuite la Protohistoire, vers les VIe-Ve siècles avant notre ère, pour percevoir à nouveau les indices d’une présence humaine, sous la forme de rares fossés et puits. Enfin, durant le Haut-Empire romain et le début du Moyen Âge, les particularités du lieu ont été mises à profit, probablement à des fins agricoles.
Coupe d’un puits protohistorique, avec les restes d’une amphore massaliète.
© Inrap
Des dépôts de parure énigmatiques
Plusieurs éléments de parure protohistorique, notamment des bracelets en bronze très altérés par le contexte alternativement sec et humide, se sont déposés, ou ont été déposés,le long de la berge, près du débouché d’un fossé dans l’étang.
Concentration d’éléments de parure en bronze protohistoriques déposés sur la berge.
© Inrap
Les modalités précises de leur dépôt, et par conséquence leur raison d’être à cet endroit particulier, sont en cours d’analyse et de discussion. Il importe de bien identifier les objets,aujourd’hui dans un état de dégradation très avancé. À ce jour, deux hypothèses sont à l’étude, parmi d’autres possibilités : des transports naturels par l’eau depuis l’amont, avec une sédimentation localisée due à la densité du métal, ou tout au contraire des dépôts délibérés (rituels ?) in situ en lien avec le contexte aquatique du lieu.
Détail d’un fragment de bracelet (?) en bronze protohistorique très dégradé, déposé sur la berge.
© Inrap
Drainage ou irrigation ?
Quelques fossés creusés entre la protohistoire et le Moyen Âge débouchent dans l’étang, assurant une fonction, non exclusive, de drainage de ces terrains bas qui jouxtent une voie de circulation antique. En revanche, en contrebas de la rive, plus d’une vingtaine de puits peu profonds et sommaires ont été aménagés. Cette fois, il ne s’agit pas de puisards destinés à drainer l’excès d’eau, mais au contraire de structures aménagées en période sèche permettant un accès à l’eau propre, abondante même lors d’étés particulièrement chauds, comme en 2022. Autour de ces puits, la présence de petits fossés plus ou moins parallèles à la rive a permis de lancer l’hypothèse, à vérifier, d’une irrigation saisonnière : la périphérie asséchée de l’étang, à la riche terre noire, aurait ainsi été cultivée en puisant l’eau disponible à faible profondeur.
Des indices du Paléolithique
Une des surprises de cette opération fut la découverte d’un silex taillé du Paléolithique enfoui sous le fond de l’étang, au sein de niveaux sédimentaires que l’on pensait plus anciens. D’autres éléments contemporains avaient été remarqués précédemment en position remaniée, l’ensemble témoignant d'une présence humaine ancienne dans ce secteur.
Recherches archéologiques : Inrap
Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie, Drac Occitanie
Responsable scientifique : Bertrand Poissonnier, Inrap