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Les Magdaléniens reviennent au musée de préhistoire de Solutré (Saône-et-Loire)
Entre 2015 et 2016, l’Inrap a fouillé au cœur du village de Solutré une occupation de chasseurs du Magdalénien. Les dizaines de milliers de restes (ossements, outils en silex, objets en os, bois de renne et ivoire) ont fait l’objet d’études spécialisées et rejoignent le Musée de préhistoire de Solutré, une opération rendue possible grâce à un transfert de propriété de l’État au Département de Saône-et-Loire, avec le soutien de la Drac Bourgogne-Franche-Comté.
Un site remarquable qui complète la connaissance du site de Solutré
Situé à l’entrée du village, le site « Route de la Roche » a été occupé il y a 18 000 ans par des groupes du Paléolithique supérieur de la culture du Magdalénien. À cette période, l’Europe de l’Ouest, connaît la fin de la dernière grande glaciation. Dans le val de Saône et les reliefs qui l’encadrent, le climat est semblable aux régions subarctiques actuelles avec une végétation rase de type toundra. La faune qui évolue dans ces espaces comprend des herbivores adaptés aux conditions froides (renne, cheval, mammouth…) ainsi que des carnivores (loup, glouton, renard…).
La quantité considérable et la qualité des vestiges mis au jour lors de la fouille permet de renouveler en profondeur les connaissances sur les populations magdaléniennes. Ces objets permettent également une meilleure compréhension du gisement préhistorique de Solutré, site de chasse mais aussi lieu de vie.
Chantier en cours de fouille en 2015.
© Antoine Morfaud, Inrap
Chantier en cours de fouille en 2015.
© Antoine Morfaud, Inrap
Vitrine de la faune du musée au Musée de préhistoire de Solutré.
© Département de Saône-et-Loire / Stéphane Godin
Une chasse diversifiée
Les restes osseux découverts « Route de la Roche » témoignent des activités de chasse et de la consommation d’espèces d’environnement froid steppique. Au menu des Magdaléniens : principalement du renne, mais aussi du cheval, du lièvre, du bison, de l’antilope saïga, du chevreuil. Toutes les parties des animaux sont exploitées : la peau, les tendons, la corne, la viande et les abats, les os, les bois, et probablement la graisse et le sang.
L’équipement de chasse retrouvé sur le site est représenté par les pointes de sagaies. Elles sont fabriquées à partir de bois de renne de dimensions variables et montées sur des hampes en bois (non conservées). Elles indiquent l’utilisation d’armes adaptées à la taille du gibier. Des lamelles tranchantes en silex (appelées lamelles à dos) sont insérées dans la pointe ou la hampe pour rendre l’arme plus efficace.
Les Magdaléniennes et Magdaléniens sur leur 31 !
Les objets en os et en silex comprennent également des équipements liés aux activités dites « domestiques » comme la découpe des animaux ou le travail des peaux, ainsi que la couture illustrée par plusieurs dizaines d’aiguilles en os, de gabarits différents. Tous les déchets et les outils en lien avec la fabrication de ces objets sont présents sur le site.
Un des autres aspects exceptionnels de cette fouille est une série d’objets de parure comprenant plus de 150 éléments. Aux coquillages percés provenant de la Méditerranée s’ajoutent des dents animales et des objets en os percés et décorés (craches de cerf, os hyoïdes), particulièrement rares dans la région. Les usures observées montrent que ces objets ont été longuement portés avant leur abandon.
Outils domestiques. N° 1 à 3, aiguilles à chas en os ; n° 4 et 5, grattoir-burin et perçoir en silex.
© J.-B. Lajoux, R. Malgarini, Inrap
Aiguille à chas en os. De grosses dimensions, elle sert probablement à l’assemblage de pièces de cuir épais.
© Christophe Fouquin/Inrap
« Pomme de pin » en ivoire. Cet objet « mystérieux » ne connait pas d’équivalent dans le Paléolithique français. Il est décoré d’un quadrillage sur toute sa surface. Sa fonction est inconnue.
© Christophe Fouquin/Inrap
Des objets inédits à découvrir lors des Journées européennes du patrimoine
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Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bourgogne-Franche-Comté)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Jean-Baptiste Lajoux, Inrap
Archéozoologues : Céline Bemilli, Inrap et Grégory Bayle, Inrap
Spécialiste de l’industrie osseuse : Romain Malgarini (Drac Bourgogne-Franche-Comté)
Spécialiste de la parure : Caroline Peschaux (UMR 8068 Temps)