Vous êtes ici
Les tanneurs médiévaux de Troyes
Une équipe d'archéologues de l'Inrap exhume une partie de l'histoire médiévale de Troyes. À l'occasion du projet d'extension de l'Hôtel du Département par le Conseil général, 2000 m2 d'un important îlot urbain sont en cours de fouille.
Au Moyen Âge, ce quartier était placé sous l'autorité de l'abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains, toute proche, une des plus anciennes congrégations religieuses de Troyes (VIIe siècle) qui y exerçait ses droits de haute et basse justice. La mention d'une Pava tanneria en 1288 suggérait la présence d'ateliers de tanneurs sur cet îlot. Les archéologues les dégagent actuellement.
La conquête du marais par les tanneurs (XIIe siècle)
La conquête du marais s'effectue au XIIe siècle, à la faveur de mesures économiques prises par les premiers comtes de Champagne. Désormais, des dérivations de la Seine alimentent les fossés d'une nouvelle enceinte et abaissent le niveau de la nappe phréatique. À l'intérieur de la cité, des moulins et des ateliers s'implantent sur des canaux. Marchands et artisans s'installent ainsi sur de nouveaux espaces gagnés sur l'emprise du marais. Les premiers ateliers de tanneurs et échoppes de cordonniers prennent place au XIIe siècle. Cette activité est encore attestée au début du XIXe siècle par des toponymes comme les « Bains de la Tannerie », les rues de la Petite et de la Grande Tannerie.
Les ateliers de tannerie
La fouille d'un fossé fournit de nombreuses informations : peu profond, large de 2 m, cet exutoire a charrié une impressionnante quantité de chutes de découpes de cuir mêlées à de nombreuses pièces usagées (chaussures, ceintures, gants....). Plus en aval, près d'une vingtaine de carcasses d'équidés, en majorité des ânes, y a été abandonnée. Leur proximité avec les ateliers de tannage pose de nombreuses questions, notamment celle du traitement de ces animaux dont la viande fut frappée d'interdit à plusieurs reprises par l'église au cours de la période médiévale.
L'habitat médiéval (XIIIe-XVe siècles)
Au cours de cette période, l'îlot urbain est partagé par un étroit chenal, aux rives consolidées par une multitude de pieux et de palplanches en chêne. La distribution des constructions à l'intérieur des deux îlots est relativement lâche. De nombreux espaces sont encore ouverts sur la rue (cours, jardins et ateliers). Deux constructions en vis-à-vis retiennent l'attention. Ce sont des habitations dont les imposantes cheminées à hottes et âtres en terre cuite confirment l'importance de la cuisine à cette époque.
La fouille de ce quartier révèle aujourd'hui un pan de l'histoire méconnue de Troyes au Moyen Âge.
Mahaut Tyrrell
chargée de communication médias
Inrap, pôle partenariats et relations avec les médias
01 40 08 80 24
mahaut.tyrrell [at] inrap.fr
Estelle Bénistant
chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Grand Est nord
03 87 16 41 54 - estelle.benistant [at] inrap.fr