Avant la construction de logements sociaux et de bureaux par la Semcoda, sur la commune de Belley (Ain), une équipe de l'Inrap étudie, depuis le 13 octobre 2008, l'occupation des lieux datée entre le Ier siècle avant notre ère et le Ve siècle de notre ère.

Dernière modification
10 mai 2016

Située sur le coteau oriental qui borde le centre historique de la ville, la fouille, qui s'étend sur 3 500 m2, a mis en lumière le riche passé de cette cité antique très mal connue, puisqu'il n'y avait pas eu d'opération archéologique à Belley depuis 1931. L'importance de cette agglomération à l'époque gallo-romaine se fondait principalement sur les quelques inscriptions retrouvées en remploi dans les murs de facture plus récente. Une dédicace à Cybèle précise le statut de petite agglomération (vicus) de la ville dont le nom n'est connu que par les premières lettres : BELL.

 

Les thermes

Deux vastes bâtiments à vocation thermale ont été trouvés. Seule une partie du plus ancien, situé au sud de l'emprise de la fouille, a été mise au jour. Une salle chauffée par le sol (avec hypocauste), une pièce froide et une petite piscine, aux sol et murs autrefois recouverts de marbre, ont été reconnues. Au nord, le second ensemble, plus monumental, a été édifié en entaillant la colline sur laquelle il s'adosse. Il comprend, sur près de 500 m , trois pièces avec hypocauste, une chaufferie et quatre pièces froides. Les niveaux de circulation ont pour la plupart disparu. Les sous-sols des pièces chaudes sont en partie conservés : sur un sol de mortier de tuileau des dizaines de piles de briques carrées (pilettes) supportent de grands carreaux de terre cuite (suspensura) sur lesquels étaient coulés les sols de circulation. Provenant d'un foyer (praefurnium), l'air chauffé circulait entre les pilettes avant de remonter dans des colonnes de briques creuses (tubuli) prises dans les murs. L'eau joue un grand rôle dans ce type d'établissement et si des caniveaux d'évacuation ont été retrouvés, les aqueducs alimentant les bâtiments restent à découvrir.

Au nord, une voie allant du sud-ouest au nord-est ne reprend pas l'orientation des thermes. Large d'environ 10 m, elle est composée de couches de graviers compactés et bordée par des caniveaux recouverts de grosses dalles de schiste. Elle surplombe un ensemble de constructions plus modestes (habitat ?) à l'orientation similaire.

Les modifications architecturales

Ces bâtiments publics ont connu plusieurs phases de construction. Un mur du bâtiment méridional a été détruit avant la construction du bâtiment septentrional ce qui permet de définir un phasage chronologique entre les deux constructions qui ont continué à fonctionner de conserve. Des piscines ont été ajoutées au plan initial, subissant par la suite plusieurs réfections. Le mobilier archéologique (essentiellement des fragments de vases, des tessons de récipients en verre et quelques monnaies) a permis de dater la dernière occupation du Ve siècle. Bien que le site ait été pillé de manière systématique, certaines plaques en marbre gris, quelques corniches en calcaire rouge et des morceaux de vitres permettent de se faire une idée du faste de ces bâtiments.

Des symboles de l'Empire romain

Les thermes sont l'une des constantes des agglomérations de l'Empire romain. Ils comprennent un ensemble de pièces qui possèdent chacune ses spécificités suivant sa fonction. Parmi les pièces chaudes, on trouve le caldarium avec ses bassins, le laconicum qui correspond à une étuve, le destrictarium pour les soins de la peau. Le tepidarium est une pièce tiède propice à la sudation. Le frigidarium contient, quant à lui, une cuve d'eau froide, la piscina. Il existe aussi un vestiaire, des latrines et parfois une bibliothèque. À l'extérieur, une aire est consacrée aux exercices physiques, la palestre, dans laquelle peut être aménagé un bassin de natation, la natatio.