L'Inrap mène, depuis le début du mois de juillet, une fouille sur le site de La Maison Blanche à Grèges en amont de l'aménagement d'un lotissement par la société Sodineuf Habitat normand.

Dernière modification
10 mai 2016

Prescrite par l'État (service régional de l'Archéologie de Haute-Normandie) sur une surface de 10 800 m2, cette opération fait suite à un diagnostic réalisé en février 2013 attestant des vestiges du haut Moyen Âge. La fouille, menée jusqu'à la fin du mois d'août par une équipe de six archéologues sous la houlette de Frédérique Jimenez, permet d'assurer la sauvegarde par l'étude des vestiges de cette zone, autrefois dédiée à l'artisanat du fer et à l'habitat, probablement implantée sur un réseau de parcelles plus ancien. 

Les indices d'une activité métallurgique

Plusieurs grandes fosses dépotoirs ont livré des rejets témoignant d'une activité d'artisanat du fer. Les archéologues ont ainsi mis au jour des scories (déchets qui se déposent au fond du foyer), des fragments de parois de four et des battitures, petits oxydes de fer qui se forment au contact de l'air sur la masse de métal et qui se détachent de celle-ci lorsqu'elle est martelée par le forgeron. La forge est la dernière étape de la chaine opératoire de transformation du minerai de fer en un objet déterminé. Le minerai a été préalablement extrait dans des mines, puis réduit dans des fours avec du charbon de manière à obtenir une loupe de fer disponible pour le forgeron. Les éléments mis au jour à Grèges sont caractéristiques du travail de la forge : l'épuration du minerai puis le façonnage d'objets ou leur réparation.

Un habitat rural

Les archéologues ont mis au jour plusieurs fosses, dans lesquelles étaient fichés des poteaux de bois qui constituaient l'ossature des maisons, dessinant les plans de trois grands bâtiments, autour desquels ont également été repérés des cabanes excavées, un four, des fosses, des silos (pour le stockage des denrées), un puits et peut-être une mare. Les rejets découverts sur le site, essentiellement des débris de céramique ou de verre, un accessoire vestimentaire (fibule), un couteau, attestent, au-delà d'une activité liée à l'artisanat du fer, une occupation domestique du site du Ve au VIIIe siècle. 

L'opportunité de cette opération

L'occupation de la frange littorale du département de la Seine-Maritime au cours de la période mérovingienne était jusqu'ici connue par la présence de plusieurs sites à caractère funéraire alors qu'aucun site d'habitat, qu'il soit associé ou non à une activité artisanale ou agro-pastorale, n'avait encore été mis au jour dans cette zone. Le site de Grèges offre ainsi aux archéologues l'opportunité d'enrichir leurs connaissances sur les modes de vie des sociétés mérovingiennes le long de cette côte de la Manche.
Aménageur : Sodineuf Habitat normand
Contrôle scientifique : Service régional de l'Archéologie (Drac Haute-Normandie)
Recherche archéologique : Inrap
Adjoint scientifique et technique : Sylvie Pluton-Kliesch, Inrap
Responsable scientifique : Frédérique Jimenez, Inrap
Contact(s) :

Mélanie Scellier
Chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Grand Ouest
02 23 36 00 64 - 06 71 04 59 92
%20melanie.scellier [at] inrap.fr