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Les vestiges du bourg médiéval de Blâmont (Meurthe-et-Moselle)
Préalablement à l’aménagement d’un EHPAD, l'Inrap fouille actuellement une surface d’environ 5 000 m², au cœur de la ville de Blâmont, en contrebas des ruines du château. Le dimanche 15 juin, de 14h à 18h, le chantier ouvre ses portes, l’occasion unique d’étudier l’évolution d’un quartier urbain et de son enceinte défensive depuis sa formation, il y a près de 1 000 ans jusqu’à nos jours.
Un diagnostic archéologique réalisé en mars-avril 2022 avait mis en évidence des structures et des bâtiments témoignant d’une occupation millénaire de ce secteur de la ville de Blâmont situé en contrebas du château et en périphérie du centre ancien. L’importance et la densité des vestiges ont conduit, dans un second temps, à la prescription d’une fouille exhaustive du site actuellement en cours jusqu’en septembre 2025, sur une emprise représentant environ 1/5 de l’agglomération médiévale.

Vue en perspective des vestiges médiévaux et modernes par rapport à l’actuelle rue Traversière, Blâmont (Meurthe-et-Moselle), avril 2025.
© Ronald Schwerdtner, Inrap
Aux origines de Blâmont
L’occupation ancienne de Blâmont reste encore très largement méconnue. Plusieurs sites antérieurs au Moyen Âge sont connus dans les environs, dans les vallées de la Voise et de la Vezouze, mais aucun n’est jusqu’à présent référencé à Blâmont même, pourtant situé au croisement de deux voies gallo-romaines. Les alentours sont occupés par un premier pôle d’habitat implanté autour de l’église paroissiale peut-être dès le haut Moyen Âge. Cet habitat, nommé Giroville, est mentionné pour la première fois en 1138. La construction d’un château par les comtes de Salm, qui intervient à partir du milieu du XIIe siècle, encourage le transfert de cet habitat préexistant et le développement d’une nouvelle agglomération en contrebas du château qui adopte alors le nom de Blâmont, littéralement le « Blanc Mont » en raison de la couleur du calcaire local.
L’agglomération médiévale
L’agglomération, essentiellement connue au travers des archives, est dotée d’une enceinte fortifiée dans les années 1290-1310. Elle adopte un plan concentrique d’environ 3,6 ha, articulé avec le château, flanqué de plusieurs tours semi-circulaires et doublé d’un fossé. L’habitat intramuros y est dense, loti de façon régulière selon un réseau de rues orthogonales et compte une halle couverte pour le marché ainsi qu’une église collégiale.

Vue-drone du secteur 1 de la fouille de Blâmont (Meurthe-et-Moselle), avril 2025. Les vestiges de l’agglomération médiévale et moderne sont agencés en fonction de la rue principale, orientée est-ouest, et de l’enceinte urbaine perpendiculaire.
© Ronald Schwerdtner, Inrap
À l’extérieur de l’enceinte, on trouvait également deux faubourgs respectivement organisés autour de l’église paroissiale et de l’hôpital Saint-Jean. La fouille actuelle se concentre sur un quartier intramuros situé directement en contrebas du château, organisé autour d’un axe principal, la rue Traversière, qui aboutit à l’une des trois portes urbaines, la porte Saint-Thiébaut, mise au jour lors de la fouille.
L’évolution d’un quartier
La fouille actuelle concerne un secteur intramuros de Blâmont situé directement en contrebas du château et en périphérie du centre ancien. Cette partie de la ville est fondée sur un remblai de nivellement qui scelle un ancien fossé défensif du château.

Profil du fossé primitif du château de Blâmont (Meurthe-et-Moselle), mai 2025. Le quartier médiéval est fondé sur un remblai de nivellement qui scelle l’ancien fossé défensif probablement dès les XIIe-XIIIe siècles.
© Thomas Vergine, Inrap

Vestiges d’une cave de l’époque moderne (XVIIIe siècle) à Blâmont (Meurthe-et-Moselle). La structure est aménagée à l’emplacement de l’ancienne porte Saint-Thiébaut vraisemblablement condamnée au siècle précédent, mai 2025.
© Christophe Fouquin, Inrap

Fouille en cours d’une cave médiévale bordant la rue Traversière, Blâmont (Meurthe-et-Moselle), mai 2025.
© Christophe Fouquin, Inrap
Le quartier s’organise autour de la rue Traversière, avec une succession de maisons de part et d’autre, dont certaines disposent de caves et de latrines. Les guerres de Religion et surtout la guerre de Trente Ans ont partiellement ruiné Blâmont, notamment lorsque les troupes françaises démantelèrent le château et condamnèrent la porte Saint-Thiébaut en 1638. La fouille a justement mis en évidence l’abandon de plusieurs maisons, le rétrécissement de la voirie et la réutilisation de certaines parcelles en jardin au cours des XVIIe-XVIIIe siècles. La découverte de sépultures de catastrophe, contemporaines de ces changements, souligne également une période de crise. Les études post-fouille permettront peut-être de comprendre cet épisode méconnu de l’histoire de Blâmont.

Orthophotographie des sépultures modernes découvertes à Blâmont (Meurthe-et-Moselle), avril 2025. Malgré les recoupements récents, on distingue les inhumations individuelles (à droite) et les sépultures de catastrophe qui contiennent jusqu’à plusieurs dizaines d’individus (à gauche).
© Erwan Mathieu, Inrap
Toutefois, le bâti actuel suggère un regain d’activités et une reconstruction de la ville au cours du XVIIIe siècle. Blâmont échappe aux destructions de la Première Guerre mondiale mais la ville est durement touchée par les bombardements américains de novembre 1944, en particulier le quartier de la rue Traversière. Les bâtiments, ruinés, sont définitivement rasés pour permettre la construction d’un collège dès 1948.
Cette fouille en contexte urbain permet de documenter de manière inédite l’évolution d’un quartier et de son enceinte défensive depuis sa formation jusqu’à nos jours, permettant ainsi de mettre en évidence un processus d’urbanisation caractéristique du second Moyen Âge mais pour lequel on possède à ce jour peu de données archéologiques.
Un site ouvert au public pendant les JEA

Plus d'informations sur le site des Journées européennes de l'archéologie.
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Grand-Est)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Thomas Vergine, Inrap