A Lunel, Hérault, découvert à l’occasion de prospections inventaires en 2001, l’établissement agricole gallo romain du Mas de Fourques a fait l’objet, en 2003 puis en 2006, de deux campagnes de diagnostic archéologique, qui ont permis d’en préciser la datation, l’étendue et l’état de conservation.

Dernière modification
10 mai 2016
Le site, localisé à 1 500 m au nord de la ville de Lunel dans l’Hérault, a été fouillé par l’Inrap durant l’été 2006, en préalable à l’aménagement d’un lycée par la région Languedoc-Roussillon.
 

Le décapage, sur un demi hectare, a révélé les vestiges de trois bâtiments couvrant une surface supérieure à 500 m². Le plus grand d’entre eux est un chai, mais l’état d’arasement de l’ensemble des structures – seul subsiste, dans la plupart des cas, le fond des tranchées d’épierrement des murs – ne permet pas d’attribuer une fonction aux deux autres. Le bâti suit l’orientation du chemin des Bœufs, axe antique situé à environ 150 m au sud et lui-même isocline au réseau cadastral Sextantio/Abrussum. Malgré la présence du chai, aucune des nombreuses fosses de plantation mises au jour ne semble liée à la viticulture dans l’aire décapée. Celle-ci serait attestée plus à l’ouest dans les tranchées du diagnostic de 2006. On ne note aucune organisation en vergers, aucune orientation privilégiée, hormis en limite nord de l’emprise, ou huit fosses carrées, régulièrement espacées, forment l’angle d’une parcelle (haie). Il s’agit majoritairement de fosses d’arbres (oliviers ? fruitiers ?) révélant la pluralité ou la succession des pratiques agricoles. Une vaste dépression au comblement organique, sans doute temporairement humide, accolée à l’un des bâtiment, permet en outre d’envisager la présence de bétail et la vocation polyculturale de Mas de Fourques. L’établissement est situé dans une zone de piémont, dans les marges des territoires des agglomérations gallo-romaines d’Ambrussum et de Lunel-Viel. Il apparaît au milieu du Ier s. de notre ère et est abandonné au début du IIIe s. Il masque les traces ténues d’une mise en valeur plus ancienne, républicaine, du terroir (fosses de plantation).

La fouille a en outre révélé l’existence d’un four de potier du milieu du IIe s. av. J.-C. Cette imposante structure dont la chambre de chauffe à muret axial atteint un diamètre de 2,80 m, est destinée à la production de céramique modelée. L’isolement de ce four n’est peut-être qu’apparent : il se situe en limite d’emprise, et les pratiques agricoles modernes ont pu faire disparaître nombre de vestiges protohistoriques moins pérennes.