À Reims, Marne, 10 mois de fouilles avec une équipe de 5 à 10 archéologues. La surface des terrains couvrait 1 700 m2. L'épaisseur maximale des dépôts archéologiques était de 6 m et le volume des couches étudiées atteignait 5 000 m3.

Dernière modification
12 mai 2016

La fouille de la médiathèque Cathédrale confirme que ce secteur est occupé de façon relativement dense depuis la fin de l'époque gauloise jusqu'à nos jours.

Les vestiges les plus anciens datent de la fin de la période gauloise. Leurs sont associées les traces d'une activité liée à la meunerie (silos, graines, meules) et celles d'un artisanat de cornetterie. En 20 après J.-C., une rue et des entrepôts occupent le secteur. L'emprise de la médiathèque est à cheval sur deux îlots de la ville antique. Les différents états identifiés permettent de retracer le processus d'urbanisation depuis la fin du Ier s. av. J.-C. au début du IVe s. ap. J.-C. Dans la première moitié du IIe s., l'espace est fortement restructuré : l'entrepôt est transformé en bâtiment artisanal ou commercial ouvert sur la rue. Celle-ci est au même moment équipée d'une galerie couverte (portique). Ces aménagements illustrent le dynamisme de la cité. Le chantier de la médiathèque a permis d'identifier un atelier de tabletier datant de 250 ap. J.-C. L'artisan produisait des baguettes en os, peut-être destinées à de la marqueterie. Le quartier retrouve une vocation artisanale qu'il avait déjà connue avant la construction de l'entrepôt. Au IVe s., on assiste à une restructuration complète du quartier avec la construction d'une enceinte (entre 320 et 340) et d'édifices en limite de la rue des Fuseliers. La découverte inédite d'une tour sur ce mur renouvelle la connaissance de l'histoire urbaine rémoise. Un bâtiment et des inhumations d'enfants ont été mis au jour pour l'époque mérovingienne (VIe et VIIIe s.). Ce nouveau bâtiment, partiellement découvert et dont la vocation reste difficile à définir, appartiendrait vraisemblablement au groupe épiscopal construit au début du VIe s. le long de la rue des Fuseliers. Concernant les inhumations, les corps de treize enfants (périnataux, nourrissons et jeunes enfants) ont été retrouvés, alignés à l'extérieur de l'enceinte.

La fouille a démontré le démantèlement partiel de l'enceinte de la fin de l'Antiquité, après cinq siècles d'existence, puis la découverte inédite des fortifications carolingiennes de la fin du IXe s. L'étude des restes retrouvés dans les latrines montre une grande variété de mets délicats, assez rare pour l'époque. Elle a permis de reconnaître la proximité d'une population seigneuriale ou ecclésiastique de haut rang. Au XIe s., l'enceinte est améliorée considérablement avec le renforcement des escarpes et contre-escarpes des fossés par des parements en pierre. Ces modifications s'accompagnent de la création d'une porte flanquée de deux tours rectangulaires. Ces travaux sont probablement liés à l'accession de l'archevêque Ebles au pouvoir comtal, en 1023. À partit du XIIe s., l'enceinte abandonne son rôle défensif et des habitations sont établies dans les fossés. Le chantier de la médiathèque a mis en évidence la permanence du parcellaire depuis la fin de l'Antiquité jusqu'au début du XXe s. Il aura fallu la destruction totale de la ville durant la Première Guerre mondiale pour qu'une nouvelle organisation vienne effacer une urbanisation qui a pris ses racines au début du IVe s. de notre ère.