A Tours, Indre-et-Loire, réalisée en étroite collaboration avec l'Institut du Quaternaire à Bordeaux, la fouille s'est déroulée sur trois mois, dans l'objectif de développer une approche géoarchéologique du site.

Dernière modification
18 mai 2016

Les traces d'un ancien chenal orienté est-ouest dans la partie sud du site confirme la présence, au sud de la ville préindustrielle, d'une zone marécageuse dénommée « Les Boires », dans les textes, à partir du Moyen Âge.

Cette fouille a aidé à mieux comprendre la réalité hydrographique de l'ancienne ville de Tours, située sur une vaste terrasse au sud du fleuve. La Loire a longtemps divagué dans son lit majeur, dans une zone d'interfluve avec le Cher, au sud, avant de se fixer contre le coteau nord. Hors de la terrasse, la plaine est parsemée d'anciens chenaux (paléochenaux), dans lesquels les eaux se répandent à chaque crue. En temps normal, la concentration des eaux de circulation au coeur de cette zone large et étendue explique les problèmes rencontrés dans l'utilisation des lieux dès l'époque gallo-romaine.


Des ateliers temporaires

La plus ancienne activité humaine sur le site indique une activité d'extraction de matériaux sableux entre 15 et 50 de notre ère.
Différentes traces d'occupation correspondent ensuite aux années 50 et 120 : au sud, une aire de stockage de matériaux de chaufourniers ; au nord, des structures liées à des ateliers de bronziers. Au nord du terrain se trouvait également le fond d'une grande aire de dépotoir, sorte de décharge de la fin du Ier siècle, formée d'une couche argilo-organique noire riche en charbons de bois et contenant divers matériaux (tessons de vases à réserve, d'amphores, coquilles d'huîtres, clous, ossements d'animaux, marbres blancs uniformes, fragments de bronze et scories).
Les lieux étaient très humides et les artisans bronziers, par leur activité, accentuèrent la tendance naturelle du terrain à se saturer d'eau sous l'action de la chaleur.
Un décapage est opéré vers la fin du IIe siècle. Puis des épandages de déchets de matériaux de construction, au nord, ou de couches de sable, au sud, rehaussent le niveau du sol, sur lequel s'observent des fragments de surfaces de circulation. Ensuite ce sont des déchets domestiques qui sont déversés pêle-mêle au sol, essentiellement au cours du IIIe siècle, avec quelques éléments du IVe dans des tas de gravats à l'angle sud-ouest de la fouille.

Une zone de culture

La mise en culture des lieux se traduisit par la transformation, à la fois naturelle et liée à l'intervention humaine, de la partie supérieure des épandages en sol agricole constitué de terres noires. Les restes d'un puits du IVe siècle, au nord, sont peut-être attribuables au début de cette phase d'activité qui dura plusieurs siècles.
Des traces d'habitat des Xe-XIe siècles se rattachent à cette phase d'activités agricole. Elles sont perceptibles, dans l'angle nord-est de la fouille, sous la forme de fosses ou de tranchées.