Au Mas de Vignoles, dans la plaine de Nîmes, l'Inrap fouille une zone de 4,5 hectares et met au jour des occupations qui s’échelonnent de la Préhistoire jusqu’à l’Antiquité. Les vestiges, pour l'essentiel datés du Néolithique moyen (4700-3500 avant J.-C.),  documentent l'habitat, l'artisanat et les rites funéraires de populations se rapportant à la culture dite du Chasséen, rarement appréhendée sur une aussi vaste surface dans une région connue surtout pour ses sites antiques.

Dernière modification
27 juillet 2022

Depuis le début des années 2000, de nombreuses opérations archéologiques ont été menées en plaine de Nîmes, dans le secteur dit Mas de Vignoles, aux abords du quartier des Costières. De l’automne 2021 au printemps 2022, dans le cadre de la construction d’une halle des sports et d’un stade provisoire au cœur de la ZAC, une équipe d’archéologues de l’Inrap étudie une zone de 4,5 hectares.

Paléolithique

Les plus anciennes occupations datent de la fin du Paléolithique (vers 12000-15000 avant J.-C.) et ont été mises au jour à plus d’1,5 m de profondeur au sein d’une formation de lœss. Les vestiges répartis sur une cinquantaine de centimètres d’épaisseur et sur environ 1000 m2 correspondent à des éclats et à des outils en silex ainsi qu’à des fragments d’os de faune sauvage (grands herbivores).

Néolithique

Les vestiges les plus abondants mis au jour concernent le Néolithique moyen. Datés d’environ 4700-3500 avant J.-C., ils se rapportent, pour l’essentiel, à la culture dite du Chasséen. Ces structures sont rarement appréhendées en Languedoc oriental sur une aussi vaste surface. Cette fouille fournit ainsi l’occasion de suivre sur plusieurs centaines d’années la nature et le rythmes des installations des populations ainsi que leur organisation spatiale. Peuvent être ainsi déterminés les parties domestiques (habitation, artisanat et stockage des denrées), les espaces funéraires, mais aussi l’évolution d'un paysage modelé par les communautés au fil des siècles.

La construction des bâtiments, dont il n’existe plus aucune trace directe, a nécessité d’extraire du sous-sol de grandes quantités de terre, utilisée conjointement avec des branchages. Les vestiges des fosses d’extraction sont visibles et des éléments de construction, dénommés torchis, ont parfois été conservés lorsqu’ils ont été soumis à un incendie.

Si les foyers à pierres chauffées calcaires servant à cuire les aliments sont caractéristiques de cette période, les structures les plus fréquentes sur le site sont les fosses et les silos. Ces structures servaient à stocker et à conserver les denrées alimentaires ; elles étaient par la suite réemployées, le plus souvent comme dépotoirs. Cette fonction secondaire permet aujourd’hui aux archéologues la découverte de vestiges de la vie quotidienne, qu’il s’agisse d’outils, de vases ou de restes de consommation animale ou végétale.

Le Chasséen se caractérise également sur ce site par la présence d’une céramique soignée de morphologie variée, allant de l’assiette au grand vase de stockage, mais aussi par la présence de lamelles en silex issues des ateliers localisés au pied du mont Ventoux dans le Vaucluse. La céramique et les techniques d’obtention des lamelles évoluent au cours du temps, permettant de bien dater les divers artefacts recueillis dans les comblements.

Le site est également occupé au cours de plusieurs phases du Néolithique final (3500-2200 avant J.-C.) de façon moins dense, le cœur des habitats étant probablement situé à l’est, à l’extérieur de l’emprise de la fouille. Les structures mises au jour -fosses, silos, foyers, etc.-  sont similaires à celles du Néolithique moyen, mais les mobiliers sont de typologie différente. Les décors de la céramique évoluent rapidement et vont de pair avec la présence de diverses entités culturelles à l’échelle de zones géographiques de taille plus petite. La chronologie de ces occupations sera précisée grâce à l’étude post-fouille des mobiliers mis au jour.

Protohistoire

Après un hiatus d’un millénaire, le site est à nouveau occupé de façon ponctuelle à la fin de l’âge du Bronze final, vers 1250-1050 avant J.-C.. Quelques fosses ont livré d’importants ensembles de céramiques décorées.
Une nouvelle occupation présente sur l’ensemble de l’emprise de fouille a lieu à l’âge du Fer, probablement au cours du Ve siècle avant J.-C. Il s’agit vraisemblablement d’un habitat rural en lien avec une exploitation agricole. Des structures rectangulaires mais aussi linéaires, dont la fonction devra être déterminée, caractérisent cette occupation qui livre également des fosses de rejets de mobiliers et probablement des fossés.

Vue de la fouille.

Antiquité

Enfin, les traces de l’Antiquité sont très tenues puisqu’un seul fossé qui traverse la fouille peut être attribué à cette période. Cette structure linéaire limite la zone du Mas de Vignoles puisqu’elle a été également mise au jour au cours de plusieurs fouilles antérieures dans ce même secteur.

Aménagement : Ville de Nîmes
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Occitanie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Fabien Convertini, Inrap