Une équipe de l'Inrap continue de fouiller le site de l'avenue Jean-Jaurès, en préalable à l'aménagement d'un parking souterrain par la ville de Nîmes. Dans ce quartier d'habitation antique, des mosaïques sont actuellement exhumées.

Dernière modification
28 juillet 2016

Vers 120 avant notre ère, bien avant la conquête de César, cette partie de la Gaule transalpine est annexée par Rome. Placée sur le tracé de la voie Domitienne, Nemausus prend son essor au sein de la Narbonnaise. Son embellissement se poursuit tout au long du Haut-Empire : l'Augusteum, le forum, la Maison Carrée, une nouvelle enceinte longue de 6 km, un aqueduc qui reçoit l'eau par le pont du Gard et un amphithéâtre (les arènes) s'inscrivent dans le paysage urbain.

Un quartier d'habitation à Nemausus

Sur le terrain, les vestiges , scellés par les terres de culture médiévales et les épais remblais de l'avenue créée au XVIIIe siècle, sont bien conservés. La première tranche des travaux avait offert de beaux vestiges d'un quartier d'habitation.

Des mosaïques aux thèmes mythologiques

Les recherches archéologiques se poursuivent dans ce quartier antique.
Dans deux pièces voisines d'une habitation, des mosaïques figurées de grandes dimensions viennent d'être mises au jour.
L'une d'elle présente un tapis figuré de 35 m², encadré de bandes géométriques (bandes de rectangles en quinconce, damier) et une frise représentant un rinceau naissant d'un canthare. Le tapis central, rectangulaire, se compose d'une série de médaillons agencés de manière complexe et accueillant chacun un personnage. Il figure un épisode de la guerre des Dieux contre les Géants (gigantomachie).
La trame est donnée par des médaillons ovales, au nombre de 16, tous ornés d'un oiseau. Quatre médaillons quadrilobés sont ensuite répartis aux angles du tapis, chacun orné d'une figure de bacchante, en pied, portant thyrse, couronne de feuille et tambourin. Un cinquième médaillon constitue la figure centrale de la mosaïque. Il est orné d'un Bacchus portant la couronne de feuilles et terrassant le géant Eurytos, agenouillé et nu. Autour de ce compartiment central on trouve encore 4 médaillons en forme de carrés à côtés concaves ornés chacun d'un buste dont la coiffure présente de feuillages, fruits ou fleurs qui suggèrent une représentation des quatre saisons. Enfin quatre médaillons semi-circulaires terminent la composition. Deux sont ornés de têtes de divinités (Pan et Silène) et deux autres de masques de théâtre.
La facture de cette mosaïque est de grande qualité (jeu coloré de pâtes de verre et de roches, dégradé, etc.).
Cette pièce livre également des enduits peints en place sur une quarantaine de centimètre de hauteur. On y identifie un décor d'architecture fictive avec des colonnes où s'accrochent de guirlandes de feuilles enrubannées et festonnant.
La seconde mosaïque est plus grande (près de 50 m²). Elle présente une série de bandes à motifs géométriques constituant l'encadrement d'un emblema central figurant le mythe d'Achille sur l'île de Skyros, caché parmi le gynécée de Lycomède et démasqué par Ulysse.
Bien que beaucoup moins bien conservée on y distingue trois personnages de premier plan, dont deux femmes. A l'arrière plan, une muraille ménage deux fenêtres où apparaissent des personnages en buste. Plusieurs armes sont représentées, lance, casque et bouclier : elles ont été dissimulées par Ulysse parmi ses cadeaux aux princesses de la cour. Caché parmi elles, Achille, au son de la trompette, saisit le bouclier et trahit sa présence. Là encore, la mosaïque présente une large palette avec des pâtes de verre très vives (rouge, orange minium, bleu et vert) ainsi que des tesselles de verre qui devaient être ornées de feuilles d'or.
Archéologue responsable d'opération : Jean-Yves Breuil, Inrap
Contrôle scientifique : Service régional de l'archéologie (Drac Languedoc-Roussillon)
Aménageur : Ville de Nîmes
Contact(s) :

Inrap
Chargée de communication Médias
Mahaut Tyrrell
Tél. : 01 40 08 80 24
24mahaut.tyrrell [at] inrap.fr