L'Inrap mène depuis plusieurs semaines et jusqu'à la fin du mois de juin 2013 une fouille à Vaucelles à proximité de Bayeux, en amont de l'aménagement d'un éco-quartier équipé de logements par la société Foncim.

Dernière modification
19 octobre 2017

Un diagnostic réalisé pendant l'hiver 2012 ayant confirmé la présence de vestiges archéologiques (dont des vestiges néolithiques relativement inédits pour le secteur), l'État (service régional de l'Archéologie de Basse-Normandie) a décidé de prescrire une étude approfondie de ce site sur une surface de près de deux hectares, découpée en deux zones distinctes. L'équipe de six archéologues, dirigée par Hubert Le Paumier, a eu l'opportunité de révéler une occupation de ce site sur une longue période avec des vestiges datant du Néolithique et de l'âge des métaux (âges du Bronze et du Fer).

Un site occupé depuis plus de 5000 ans

Un site occupé depuis plus de 5 000 ans

Les plus anciens vestiges mis au jour attestent une occupation du site dès le Néolithique ancien, soit vers 5000 ans avant notre ère. Ce sont des restes d’outillage (silex taillés) et de parure (éléments de bracelets en schiste typiques de cette période) ainsi que des fragments de céramique découverts dans des fosses.
Quelques millénaires plus tard, à l’âge du Bronze (entre 2200 et 1400 avant notre ère), le site est à nouveau occupé avec l’édification d’une petite nécropole constituée de cinq sépultures. Si celles-ci sont aujourd’hui arasées, elles devaient être matérialisées par de petits monuments circulaires avec à leur centre un tertre contenant une urne à incinération.

Un établissement de l’âge du Fer

C’est au cours de la période gauloise (plus précisément aux IIIe et IIe siècles avant notre ère, pendant le second âge du Fer) que l’occupation du site est la plus importante. Un établissement enclos, à priori agricole, d’un peu plus de 2 000 m2 délimités d’un puissant fossé est installé au fond d’un petit vallon. Son entrée est marquée par un aménagement particulier, peut-être une tour porche, qui devait conférer à la façade un aspect quelque peu monumental, témoignant d’une société hiérarchisée. À l’intérieur de l’enclos ainsi délimité, l’espace est divisé par de petits fossés permettant de définir des zones fonctionnelles (parcage des animaux, zone de stockage ou espace résidentiel).
Sur le site, les archéologues ont repéré plusieurs fosses et trous − dans lesquels étaient ancrés les poteaux de bois pour l’ossature des bâtiments − qui illustrent la nature domestique de l’occupation et la mise en culture d’une partie des terrains environnants. C’est à partir de cette même période qu’un vaste réseau de parcelles, s’étalant sur plus d’1,5 hectare, est mis en place. Il témoigne d’un paysage agraire fortement organisé dans ce secteur de la plaine du Bessin. Plus largement, les découvertes sur le site de Vaucelles viendront enrichir la cartographie des sites gaulois déjà connus par l’archéologie autour de Bayeux, tel à Saint-Martin-des-Entrées, Saint-Loup-Hors ou Barbeville.
Enfin, des études géomorphologiques complémentaires réalisées en centre de recherches permettront de mieux comprendre les nombreux mouvements de sols repérés sur le site et notamment dans quelle mesure les activités humaines (et particulièrement la mise en culture des terrains) ont favorisé ce phénomène.

Aménageur : Foncim
Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie (Drac Basse-Normandie)
Recherche archéologique : Inrap
Adjoint scientifique et technique : Cyril Marcigny, Inrap
Responsable scientifique : Hubert Le Paumier, Inrap