Au nord de l’agglomération de Toulouse, aux marges des communes de Blagnac et de Beauzelle, l’aménagement en plein champ de la ZAC Andromède a révélé des vestiges liés aux croyances funéraires des habitants du lieu dans l’Antiquité. 

Dernière modification
25 août 2017

Sur le site de Grand Noble 3, d’une surface de 5 633 m2, la fouille a exhumé des restes funéraires qui s’inscrivaient dans l’environnement d’un bâtiment antique à vocation agricole.

Foyers à galets

Les vestiges archéologiques les plus anciens révélés par la fouille correspondent à des foyers à galets qui, sous l’action des flammes, restituaient la chaleur. Leur présence est courante dans la vallée de la Garonne. En l’absence d’élément de datation, on estime qu’ils remontent à la période protohistorique, au sens le plus large du terme.

Proximité avec un domaine agricole 

L’intérêt majeur du site Grand Noble 3 réside dans le nombre et la nature des vestiges d’époque antique liés à la crémation, en particulier les bûchers. Ils s’inscrivent au sein d’un petit ensemble funéraire situé le long d’un chemin antique, sans doute lié à l’accès aux bâtiments proches du domaine agricole antique du Barricou. Il demeure difficile cependant d’établir si les aménagements funéraires se situent à l’intérieur de cette propriété, également fouillée, ou à ses marges, le long de sa bordure méridionale.

Les objets retrouvés, le plus souvent fragmentés, sont essentiellement des céramiques, tels que des vases ou des lampes à huile. Ces éléments courants n’évoquent pas pour les défunts dont on a retrouvé les restes un niveau social élevé. Ils constituent un lot relativement homogène qui permet de proposer une datation de l’ensemble funéraire entre la seconde moitié du Ier siècle et la fin du IIe siècle de notre ère.

Bûchers de crémation

L’originalité de ce site funéraire tient surtout à la présence de bûchers, aisément identifiés par la présence de traces de rubéfaction (action du feu sur la terre), de charbons de bois ou de fragments de bûches et d’ossements brûlés. Contrairement à une idée répandue, le feu, aussi puissant soit-il, ne fait en effet jamais disparaître le squelette. Chairs et organes sont certes partis en fumée, mais les os ont demeuré, plus ou moins fragmentés, souvent déformés, leur coloration variant en fonction de la température des flammes. Ils ont d’ailleurs mieux résisté au long séjour dans le sol que les squelettes des trois inhumations qui ont également été retrouvées sur le site.

Diversité des gestes funéraires

Une fois le bûcher éteint, les os brûlés s’offraient aux proches comme les restes permanents du défunt à honorer et, quelques centaines d’années après, aux archéologues comme un objet d’étude riche d’enseignements. La quantité d’os retrouvés au sein des bûchers, très variable, a permis de nous renseigner sur ce qui avait été prélevé et la disposition des vestiges osseux a montré comment cela avait été fait. La mise en évidence de la forme et de détails "architecturaux" du bûcher a aidé à comprendre leur fonctionnement, même si bien des interrogations demeurent. En laissant l’ensemble des os brûlés dans ce qui restait du bûcher, celui-ci a pu devenir une sépulture. 

En déposant des offrandes à l’issue de la crémation, en plus de celles qui accompagnaient initialement le défunt au moment de son dépôt sur le bûcher, les proches ont manifesté l’envie de réaliser un geste funéraire. D’autres fois, les restes de crémation ont fait l’objet de dépôts, parfois élaborés (protection construite) ailleurs dans la nécropole. Dans tous les cas, la volonté d’inscrire la mémoire du mort dans le paysage s’est avérée forte.