Découverte d'un très grand nombre de sépultures, témoins d'épidémies
La fouille est située à l'emplacement du troisième cimetière de l'Hôpital, installé sur la contre-garde de Guise entre 1785 et 1841. Les archéologues ont commencé la fouille des premiers niveaux contenant des sépultures individuelles et collectives avec des traces de chaux vive. Sur près de 2 m de hauteur, on évalue qu'entre 1 000 et 2 000 tombes se mêlent et se superposent. Après le prélèvement de ces dernières, les archéologues pourront accéder aux sépultures multiples, qui pourraient être assimilées à des fosses de catastrophe et ainsi témoigner du décès rapide d'un grand nombre de personnes, probablement lié aux épidémies qui sévissent à cette époque. Dans le cas des sépultures simples, les défunts sont pour la plupart inhumés en cercueil ou linceul. Concernant les fosses de catastrophe, la comparaison avec les modes d'inhumation habituels de sépultures se fera plus tard. À l'issue de la fouille, l'étude se focalisera principalement sur l'étude des ossements et les éventuelles traces de pathologies qu'ils pourraient comporter.
Premières données sur l'ancien aménagement du quartier
Après la caractérisation d'ensemble d'aménagements hydrauliques des XVIIIe et XIXe siècles la fouille a également révélé la présence d'un grand mur qui pourrait être un élément de la fortification de type Vauban (contre-garde de Guise). Le mur du cimetière datant de 1785 est conservé à cet endroit et s'appuie sur celui-ci. Cette problématique particulière sera plus largement explicitée ultérieurement.
Des conditions d'intervention spécifiques
Les archéologues ont été équipés d'une tenue de protection complète par précaution. À ce jour, aucun risque sanitaire ou bactériologique n'a été détecté. Les agents pathogènes ont vraisemblablement disparu depuis longtemps. L'ensemble des ossements dégagés sont prélevés au fur et à mesure de l'avancée de la fouille et transférés au centre de recherches archéologiques de l'Inrap à Dijon afin d'être étudiés. Ils seront soumis à des recherches très poussées pour dresser un tableau sanitaire de cette population.
Pour rappel : le renouvellement urbain du quartier du Pont des Tanneries
Le 29 juin 2009, dans le cadre d'une convention publique d'aménagement concernant le territoire Grand Sud, la Ville de Dijon a confié à la Société publique locale d'aménagement de l'agglomération dijonnaise (SPLAAD) le projet de renouvellement urbain du quartier du Pont des Tanneries. Majoritairement constitué d'habitat ancien et vétuste, le périmètre d'étude associé à cette convention représente 4,7 hectares. Il est délimité à l'ouest par l'Ouche et à l'est par la voie ferrée Paris-Lyon. Le programme projeté prévoit à terme la construction d'environ 300 nouveaux logements et d'une résidence SNCF. Les études préalables achevées, les travaux de démolition ont été engagés dès 2011, année marquée par la démolition du foyer Aubriot (ancien foyer de jeunes travailleuses). La libération des emprises foncières a permis le lancement du diagnostic archéologique durant la même année. L'importance des découvertes a débouché sur la prescription de fouille officialisée par un arrêté en date du 27 juin 2012.
Le Centre de recherches archéologiques de Bourgogne
Situé à proximité de l'université de Bourgogne, le bâtiment se décline sur deux niveaux pour une superficie totale de 2 391 m² dont 530 m² affectés au stockage du mobilier archéologique. Ce centre de recherches abrite une soixantaine d'archéologues, céramologues, anthropologues, topographes, géoarchéologues, spécialistes de l'Instrumentum (mobilier métallique). Ils y réalisent les études liées aux opérations réalisées en Bourgogne, soit cinq à dix fouilles et près de 350 hectares diagnostiqués par an.
Aménagement : SPLAAD
Contrôle scientifique : Service régional de l'archéologie (Drac Bourgogne)
Recherche archéologique : Inrap
Responsables scientifiques : Patrick Chopelain et Carole Fossurier, Inrap