A Caudebec-lès-Elbeuf, Seine-Maritime, la découverte d'une nécropole antique à cet emplacement n'était pas totalement inattendue.

Dernière modification
10 mai 2016

Déjà mentionnée par l'abbé Cochet, archéologue pionnier du XIXe siècle, la nécropole d'Uggade (Caudebec-lès-Elbeuf) a en effet été localisée par l'Inrap au cours d'un diagnostic mené en 2010. La fouille actuelle a permis de préciser l'étendue et l'ampleur du site funéraire, remarquable tant par le nombre et la diversité des sépultures, que par la richesse du mobilier archéologique associé.

L'aménagement de la nécropole

Les premiers résultats de la fouille signalent le coeur de la nécropole antique. Les fondations des murs de clôture ont été retrouvées sur trois côtés. À l'extérieur de cette enceinte, on ne trouve aucune autre trace de sépulture antique. En revanche trois dépôts funéraires, évoquant ceux caractéristiques de la fin du Ier siècle avant notre ère, ont été mis au jour. La découverte d'une voie antique et de deux chemins d'accès est d'un intérêt majeur pour comprendre les relations entre la nécropole et la périphérie de la cité antique. La voie gallo-romaine pourrait être le prolongement de celle découverte en 2010 au 112 rue de la République. Au sud, une zone comprenant des bâtiments sur poteaux, des silos et des fosses a été identifiée. Les archéologues pensent qu'elle est à mettre en relation avec l'activité funéraire.

Au Ier siècle de note ère : des incinérations

Près de 500 sépultures datées du Ier siècle de notre ère ont été mises au jour dans la partie est du site. À l'exception notable de quelques tombes de très jeunes enfants inhumés au tout début du siècle, la plupart d'entre elles sont des incinérations. Les ossements brûlés des défunts sont pour partie déposés dans des ossuaires en céramique ou en verre, parfois associés à une cruche. Par endroits, des ensembles de vases, objets de parure et restes de coffres de bois ont aussi été retrouvés. Ils pourraient être liés aux pratiques de commémoration et de souvenirs du défunt. Une vaste aire charbonneuse signale la présence probable d'un bûcher funéraire. Toutes ces découvertes attestent la pratique funéraire dominante au Ier siècle : l'incinération. Par la suite, elle cédera sa place à la mise en terre ou inhumation. Au coeur de la zone des incinérations, apparaît un bâtiment, dont le plan évoque un fanum, bâtiment à vocation cultuelle.

Au IIIe siècle de note ère : les inhumations

Au IIIe siècle, la pratique de l'inhumation prend son essor. Les 485 sépultures de la zone ouest correspondent à des individus inhumés seuls. Des objets les accompagnaient : poteries, verreries, monnaies, parfois placées sur les yeux ou dans la bouche. Des semelles de chaussures ont été également été trouvées. Les céramiques (miniatures, cruches, vases ou mortiers) sont particulièrement abondantes. De manière insolite, quelques mortiers ont été posés à l'envers sur le crâne du défunt, comme pour en cacher la face. Dans tous les cas il s'agit de vaisselle bien conservée, rarement brisée, à usage domestique et culinaire. Ces poteries d'apparence modeste témoignent du quotidien de la population d'Uggade. Leur association avec des verreries ou des éléments de parure serait réservée aux défunts de statut social élevé. Si la majorité des tombes sont des cercueils cloués, la découverte de trois cercueils en plomb et de deux sarcophages en pierre souligne la diversité et la richesse de ce site funéraire.