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Saint-Rémy, Montlouis
Le site de Saint-Rémy - Montlouis à Saintes (Charente-Maritime) a été découvert durant la campagne de diagnostics réalisée en 2004 par l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).
Suite à une prescription de l'Etat, les vestiges découverts, murs et fossés, ont permis de définir un secteur occupé à l'époque gallo-romaine sur 6 300 m². La fouille est en cours de réalisation par une équipe de sept archéologues avant l'aménagement d'un lotissement résidentiel de 49 parcelles « Le Clos Saint-Rémy ».
Environnement historique et problématiques
La naissance de Saintes, Mediolanum, est liée à l'axe routier entre Lyon, capitale des Trois Gaules, et, l'océan Atlantique. Mediolanum, identifiée comme étant la capitale de la province d'Aquitaine au Ier siècle, possède dès le début de ce siècle toutes les caractéristiques de la civilisation urbaine des grandes cités gallo-romaines (thermes, aqueduc, arc, amphithéâtre, bâtiments publics et cultuels, structuration des voies).
Elle se développe jusqu'au milieu du IIe siècle et, par la suite, perd de son importance au profit de Poitiers et de Bordeaux.
Dans les années 1980 un grand nombre d'interventions (surveillances de travaux, diagnostics, fouilles) ont été menées essentiellement dans les quartiers résidentiels et artisanaux gallo-romains et les nécropoles.
Aujourd'hui, l'extension urbaine de Saintes atteint la périphérie de l'agglomération antique, en particulier dans le secteur septentrional. Cette situation permet, aux chercheurs de l'Inrap, d'établir progressivement l'histoire et l'évolution de ce quartier entre habitat, artisanat, nécropole et campagne.
La fouille de Saint-Rémy - Montlouis va donc permettre d'étudier l'évolution des marges septentrionales de la ville antique avec l'extension maximale du secteur artisanal reconnu et les débuts d'une nécropole.
Des fossés défensifs monumentaux
Deux fossés parallèles orientés nord/sud ont été découverts et surprennent par leurs dimensions monumentales. Le plus petit mesure 4,30 m d'ouverture pour 1,85 m de profondeur, le plus grand, distant seulement d'1,60 m, atteint 6,90 m d'ouverture pour 2,80 m de profondeur. L'analyse de leurs comblements fait apparaître la présence de talus de part et d'autre qui ont servi ensuite à reboucher les excavations. La datation des premiers éléments recueillis rattache ce dispositif au début de l' époque gallo-romaine. Si le tronçon reconnu lors de la fouille ne permet pas à lui seul de définir avec certitude son tracé, la fonction défensive du dispositif semble assez évidente : s'agit-il d'une limite partielle ou totale de la ville antique à sa naissance, ou bien d'un camp militaire ?...
La poursuite, dans quelques semaines, de la fouille des fossés et de la nécropole de St-Rémy à proximité permettra peut-être d'y répondre.
Des structures riches en mobilier
Les premiers résultats permettent d'identifier un secteur d'habitat ou d'artisanat matérialisé par des bâtiments construits sur solins de pierres avec plusieurs pièces. Un peu plus au nord un bassin rectangulaire de 2 m sur 3 m pour 1 m de profondeur a été construit en utilisant un enduit de béton de tuileau pour le rendre étanche. Cette structure a ensuite été comblée en servant de dépotoir. De nombreux objets de la vie quotidienne ont ainsi pu être découverts : vases en céramique, monnaies, objet de parure ou de toilette... D'autres fosses ayant servi initialement à l'extraction de matériaux (silex, calcaire) ont également été rebouchées avec des détritus.
Une première analyse de ce mobilier permet de situer chronologiquement l'occupation de ce secteur entre la fin du Ier siècle av. J.-C. et le courant du Ier siècle ap. J.-C.
Au sud de ce secteur un espace de circulation extérieur a été détecté : constitué de galets, silex et fragments de tuiles, il pourrait correspondre à un chemin orienté sud-ouest/nord-est. Plusieurs segments de fossés ont été dégagés à l'ouest des bâtiments et pourraient pour certains servir de drainage ou de limite de cette aire de circulation.