A Saintes, une nécropole gallo-romaine mise au jour

Une première campagne de fouille, réalisée en 2013 sur la parcelle contigüe au sud, avait mis en évidence la vocation funéraire de cet espace périphérique au cours de l'Antiquité.
La fouille menée en 2014 a permis mettre au jour une centaine de sépultures. Les premiers résultats tendent à indiquer que nous sommes en présence d'un espace funéraire utilisé sur une période relativement longue.

Des individus entravés

Parmi les individus inhumés, les archéologues ont identifié quatre adultes (trois hommes et un sujet de sexe indéterminé) portant des entraves de fer. Il s'agit de dispositifs rivetés à chaud sur la cheville gauche pour trois des individus.
Le quatrième individu portait ce même dispositif à la cheville droite. Il a été inhumé avec un second dispositif d'entrave : un « collier de servitude » ou carcan.
Dans le même secteur, une sépulture d'enfant a été mise en évidence. Bien qu'incomplète, la partie supérieure du squelette a été conservée et a pu être étudiée. Cet enfant a été aussi inhumé avec une entrave, passée à son poignet gauche. Cet objet, de facture plus rudimentaire que les autres dispositifs, est caractérisé par un élément principal plat et cintré, de forme irrégulière dont les extrémités sont rivetées. Un anneau de forme et de section circulaire est également présent.

Plusieurs sépultures doubles et une sépulture multiple

La fouille archéologique a révélé plusieurs sépultures doubles : les individus y sont inhumés tête-bêche dans une longue fosse rectangulaire, semblable à une tranchée, et déposés chacun à l'une des extrémités de ce creusement.
Une fosse à inhumations multiples a également été mise au jour : de 2 m sur 1,30 m, elle contient cinq individus, dont deux enfants et deux jeunes femmes. Les deux enfants ont été inhumés côte à côte dans l'angle nord-ouest de la fosse.

Une absence de mobilier funéraire

La quasi-totalité des sépultures fouillées n'a livré aucun mobilier funéraire. La seule exception notable est la sépulture d'un jeune enfant dans laquelle ont été déposés sept vases permettant une attribution chronologique à la seconde moitié du II^e siècle de notre ère. Cette sépulture soignée, complétée par des dépôts et deux monnaies déposées sur les yeux de l'enfant, traduit des pratiques funéraires bien différentes de celles observées sur les autres sépultures à inhumations identifiées sur ce site.

Une voie antique inédite à Saintes

Les sépultures à inhumations les plus anciennes sont installées dans le fossé bordier d'une voie antique dont l'existence était jusqu'alors inconnue. Cette voie affecte un tracé sud-est nord-ouest et se développe dans la partie nord de la surface soumise à prescription. À mesure de la progression de l'espace funéraire, cette voie est abandonnée et de nouvelles sépultures sont installées dans les matériaux scellant cet aménagement.

Conclusion

Cette opération de fouille préventive renseigne sur l'occupation la périphérie occidentale de Saintes à la période antique et révèle la vocation funéraire de ce secteur situé à environ 250 m à l'ouest de l'amphithéâtre.

Si la découverte d'entraves en situation fonctionnelle de port n'est pas inédite, en particulier à Saintes, cette opération de fouille a permis de déterminer un regroupement des sépultures d'individus entravés. Elle livre également un corpus complet et nous indique qu'un même individu pouvait être contraint par plusieurs dispositifs.

Les archéologues s'interrogent désormais sur le statut de ces individus entravés, leur origine et les conditions de leur décès. Ils chercheront également à déterminer, lors de l'étude anthropologique, si les autres individus inhumés ont pu partager des conditions de vie similaires et appartenir à la même communauté.