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Sous le tramway de Nice, la ville médiévale
À l'occasion du chantier du tramway, un pan de l'histoire de Nice est mis au jour. Le premier pont du Paillon et les anciennes fortifications de la porte Pairolière sont en cours de fouille, en plein coeur de la ville.
Un projet global de recherches archéologiques a été mis en oeuvre à l'occasion du chantier du tramway de Nice : une étude documentaire préalable, un diagnostic archéologique destiné à repérer les vestiges présents sur le tracé et la fouille archéologique de ces derniers.
Au vu de l'importance de ces découvertes, le Préfet de Région a pris des arrêtés de fouille sur ces deux emplacements, sur une profondeur totale de 6 m. Ces fouilles sont réalisées par une équipe de l'Inrap, sous la direction de Marc Bouiron, archéologue de la Ville de Nice.
Le premier pont de Nice
Mentionné depuis 1250 par les textes d'archives, le Pont du Paillon est signalé en pierre au début du siècle suivant. Dans la seconde moitié du XIIIe siècle un faubourg se développe sur la rive orientale du fleuve, preuve de l'attractivité de cette zone au débouché du pont. Un hôpital Saint-Antoine y prend place et donne son nom au faubourg puis au pont. Côté ville, l'accès au pont est barré par une porte fortifiée, que l'on ferme et que l'on garde dans les périodes d'instabilité. Une tour surmonte cette porte ; on la voit représentée sur les illustrations des XVIe siècle et XVIIe siècle.
Des crues importantes sont signalées dans le courant du XVIe siècle ; elles occasionnent des destructions au pont en 1530 et 1565, suivies de reconstructions attestées par des inscriptions. Par ailleurs le siège de Nice en 1543 par les Français et les Turcs entraîne la destruction de deux arches, reconstruites en 1545. Les éléments découverts lors du diagnostic archéologique, comme les documents et les photographies anciennes, nous restituent des piles maçonnées en moyen appareil et des arches de briques. Il est probable que ces parties du pont, refaites, datent du XVIe siècle.
L'objectif de la fouille sera de retrouver la base du pont afin d'en dater la construction première et de vérifier la présence d'un premier pont de bois. La fouille de l'actuel escalier de la rue du Pont-Vieux donnera le lien entre le pont et la fortification et permettra peut-être d'apporter des éléments de réponse sur l'origine de l'enceinte dans la ville basse de Nice.
La fortification autour de la porte Pairolière
Dans la première moitié du XVIe siècle, les progrès de l'artillerie nécessitent de renforcer la fortification de la ville. La porte est alors protégée par un bastion qui prend le nom de la chapelle Saint-Sébastien voisine. Visible sur tous les documents iconographiques de l'époque, cet ouvrage fortifié, en forme d'as de pique, empiète sur le lit du Paillon et domine la nouvelle porte Pairolière. C'est sur ce bastion que Catherine Ségurane défendit Nice contre les troupes franco-turques en 1543. Ayant probablement souffert du siège, le bastion a dû être au moins partiellement reconstruit ensuite.
Nous n'avons pas de traces de réfection de cette partie de l'enceinte avant la fin du XVIIe siècle, lorsque l'on décide de doubler la face nord de la ville d'un fossé. Une demi-lune, située au-delà du fossé et protégeant le débouché de la porte Pairolière, est le dernier ouvrage fortifié. En 1706, après avoir pris Nice et son château pour la deuxième fois en moins de vingt ans, Louis XIV décide le démantèlement total de la fortification et du château.
C'est une nouvelle histoire du site qui commence. L'entreprise de démolition a surtout concerné les bastions. La différence de niveau entre la ville et l'espace en contrebas, anciennement hors les murs, a posé problème pendant plus d'un demi-siècle. A partir de 1782 est mis en oeuvre le projet de place Royale (piazza Vittoria) qui devient le point central de l'articulation entre la vieille ville et la nouvelle zone du port. Ainsi se crée la place Garibaldi, après des travaux considérables d'exhaussement et de remblaiement partiel du lit du Paillon.
Les fouilles
Pour l'une comme pour l'autre, un soutènement est nécessaire afin de permettre une fouille jusqu'à 6 m de profondeur. Ainsi sur le Pont-Vieux, une paroi de type « berlinoise » sera réalisée (poutres métalliques mises en préalable et blindage descendu au fur et à mesure de la fouille). Un groupement d'entreprises (Cari, TP Spada et Presspali France) a été choisi pour réaliser ces soutènements et mettre en oeuvre les moyens techniques des deux fouilles (engins de terrassement, évacuation des terres, ...).
L'ampleur de la fouille Toja-Garibaldi impliquait un traitement particulier. La nature des vestiges (fortification « monumentale » particulièrement bien préservée) et la nécessité de minimiser la durée de la fouille ont conduit à privilégier la solution d'une « boîte » limitée par des « parois moulées ». Après une fouille de quatre mois à l'air libre, la création d'une dalle en surface puis la réalisation de la plate-forme du tramway permettront la mise en service du transport en site propre, tout en continuant les interventions archéologiques en sous oeuvre. A terme, les vestiges ainsi conservés pourront être restaurés et mis en valeur.
Les partenaires
http://www.agglo-nice.fr/agglo-nice-336.htm
Prescription et contrôle scientifique : Ministère de la Culture et de la Communication, Service Régional de l'Archéologie (DRAC Provence-Alpes-Côte d'Azur)
Directeur scientifique de l'opération : Marc Bouiron (CANCA)
Réalisation des diagnostics et des fouilles archéologiques : Inrap