En amont des travaux de rénovation du centre historique de Rouen par la Métropole Rouen Normandie - projet Cœur de Métropole, une équipe de l’Inrapest intervenue en juillet 2018, sur prescription de l’État (Drac Normandie), aux abords du temple Saint-Éloi, à Rouen. 

Dernière modification
04 septembre 2018

Cette opération de fouille préventive a fait suite à un diagnostic mené en 2017. Les archéologues ont mis au jour une trentaine de sépultures d’époque moderne (XVe-XVIIIe siècles), appartenant au cimetière paroissial de l’église avant sa réforme en 1803.


Plusieurs dizaines de sépultures

Fondée au XIIIe siècle, l’église Saint-Éloi est transformée à la Révolution en magasin de fourrage. Elle devient temple protestant en 1803 sous Napoléon. L’objectif scientifique des recherches archéologiques est l’étude du cimetière paroissial associé à l’église Saint-Éloi entre la fin du Moyen Âge et le XVIIIsiècle. En effet, dans le cadre de l’archéologie préventive, les archéologues n’interviennent que sur les vestiges menacés par le projet d'aménagement. Ils s’arrêtent donc ici à une profondeur de 70 centimètres, bien que d’autres sépultures, plus anciennes, soient présentes en-dessous. Une trentaine de sépultures ont été exhumées. Superposées sur quatre à cinq niveaux, elles sont pour la plupart orientées est-ouest selon la tradition chrétienne. Les squelettes sont au contact les uns des autres, ce qui montre un emploi intense du cimetière paroissial et corrobore le manque d’espace rapporté par les textes.


Toutes les catégories de la population représentées

D’après les premières observations, la population inhumée dans ce cimetière semble refléter biologiquement l’ensemble de la population, sans distinction de sexe, d’âge ni de statut social. Ainsi, hommes, femmes et enfants sont retrouvés par les archéologues. La proportion d’enfants et de sujets décédés en période périnatale est particulièrement élevée sur le parvis de l’église, devant le portail principal, lieu d’inhumation privilégié. La présence de tout petits dans cette terre consacrée soulève la question de possibles inhumations de mort-nés, qui n’ont donc pas pu recevoir le baptême de leur vivant comme l’exigent les rituels catholiques. La plupart des défunts sont enterrés en cercueil et linceul (ce qu’atteste la présence de clous et d’épingles) ou en pleine terre, traduisant un statut social ordinaire. Quelques tombes maçonnées retrouvées sur le côté nord de l’édifice religieux sortent toutefois du lot, traduisant un rang social plus élevé.


Un atelier de taille de pierre et une voie pavée

Au nord de l’église, les archéologues ont mis au jour les résidus d’une activité de
taille de pierre. Celle-ci a pu servir à des travaux de rénovation de l’église autour
des XVe/XVIe siècles, voire à la construction d’habitations luxueuses sur la place.
Il est à noter qu’il n’était pas rare, à cette époque, de travailler au sein des
cimetières. Les recherches indiquent qu’après cette phase dédiée aux travaux, le
cimetière a continué d’accueillir de nouvelles sépultures. En particulier, de
nombreux ossuaires ont été recreusés pour installer des tombes d’enfants.
Les archéologues ont aussi mis au jour un chemin pavé très bien conservé qui
semble avoir été aménagé immédiatement après l’abandon du cimetière, supprimé
en 1783 au profit du cimetière « de cauchoise », en dehors des murs de Rouen.

Aménageur : Métropole Rouen Normandie
Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie (Drac Normandie)
Recherche archéologique : Inrap
Directeur adjoint scientifique et technique : Sylvain Mazet, Inrap
Responsable scientifique : Mark Guillon, Inrap